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de cet artiste Achille conduit à l’île de Leucé par les Néréides. La Néréide de Florence, portée par un hippocampe, est-elle un reste ou une copie partielle de ce groupe fameux ? Vers 350, Scopas fut chargé de sculpter la face orientale de la frise du tombeau de Mausole. Architecte en même temps que statuaire, il reconstruisit à Tégée le temple d’Athéna-Aléa, dont l’enceinte extérieure était bordée de colonnes ioniques et l’intérieur décoré de deux ordres superposés, le dorique et le corinthien. Peut-être travailla-t-il aussi au temple d’Éphèse qu’Érostrate avait brûlé en 356.

De qui est le groupe des Niobides ? De Scopas ou de Praxitèle ? Ils peuvent le revendiquer tous deux.

Pamphile florissait de leur temps ; Euphranor et Nicias un peu plus tard, et tous trois étaient peintres. Naturellement, nous ne connaissons d’eux que la liste de leurs tableaux donnée par Pline. Mais Euphranor était aussi sculpteur. Le Vatican possède une copie de son Paris, et la galerie de Florence un bas-relief qui représente peut-être son groupe de Latone, Apollon et Diane. Son Apollon Patroos, ou protecteur de la race ionienne, était une des nombreuses décorations du Céramique d’Athènes ; on croit en avoir l’imitation dans une figure sculptée sur un autel.

Apelles allait porter la peinture au plus haut degré de perfection que l’antiquité lui ait donnée, et Lysippe mériter qu’Alexandre ne permît qu’à lui seul de reproduire avec le bronze sa royale image. Il ne nous reste malheureusement aucune œuvre authentique de ce grand sculpteur, excepté peut-être l’Hercule Ἐπιτραπέσιος, dont le torse serait au Louvre et dont l’École des Beaux-Arts possède une restauration. On croit aussi que l’Hercule Farnèse est la reproduction d’une de ses œuvres. Il continuait Scopas, mais en donnant à ses figures une vie plus énergique, avec une fidélité matérielle poussée trop loin. Properce marque bien le caractère de son talent dans ce vers :

Gloria Lysippost animosa effingere signa.

D’autre part, Pline dit que ses figures étaient plus élancées, ses têtes plus petites qu’on ne les faisait d’ordinaire. C’est ce que l’on peut constater aussi chez Michel-Ange. L’un et l’autre, pour arriver à plus d’élégance, donnaient au corps dix longueurs de tête, ce qui faisait manquer l’effet cherché, témoin le Pensieroso de Florence, dont le cou est trop long et la tête trop petite. Sous d’autres rapports, Lysippe peut aussi être rapproché de Michel-Ange. Notons à ce propos que, si le grand Buonarotti a été le contemporain de Raphaël, Lysippe le fut presque de Praxitèle, et qu’aux deux époques vivaient à côté l’une de l’autre l’école de la grâce et celle de