Page:Revue des Deux Mondes - 1888 - tome 87.djvu/484

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de préparatifs d’attaque contre la principauté, d’une révolution en Serbie, même d’une démonstration navale projetée par plusieurs puissances contre la Russie.

Quelque invraisemblables que fassent de pareilles nouvelles, on s’en est servi comme de prétextes plus ou moins sérieux pour expliquer le recul subit des rentes hongroises, des fonds turcs, de l’Unifiée, de l’Italien, et, par suite, de nos propres fonds. Ce n’était qu’une alerte, toutes ces informations fantaisistes ayant été démenties dès le lendemain. La hausse avait amené des réalisations, tel était le fait brutal ; il n’y avait nul besoin d’aller chercher au-delà.

Si la politique intérieure ou extérieure ne tient pas en réserve quelque surprise, la situation actuelle, avec ses chances multiples du maintien de la paix pour cette année et ses élémens incontestables de reprise pour les affaires, comporte une bonne tenue et même une amélioration graduelle des fonds publics et des valeurs; des fonds publics, parce que le taux de l’intérêt s’est constamment abaissé, et qu’une longue série de conversions heureuses a consacré maintes fois ce fait économique ; des valeurs, parce que les effets de la crise financière qui a si longtemps pesé sur les transactions en titres mobiliers vont s’atténuant de plus en plus.

Les conversions se succèdent rapidement, en Angleterre, en Allemagne et chez nous-mêmes. A Londres, celle du 3 pour 100 consolidé, qui portait sur une somme colossale, a parfaitement réussi. On prépare une conversion des emprunts privilégiés égyptiens. Récemment, la Compagnie transatlantique a mis en train une conversion de sa dette 5 pour 100 en titres nouveaux 4 pour 100. En ce moment même, la Compagnie des Voitures, à Paris, procède à une opération du même genre, et émet, à cet effet, 33,300 obligations rapportant 20 francs, remboursables à 500 francs, et qu’elle offre à ses obligataires actuels et au public au prix de 467 fr. 50.

D’autre part, les obligations de nos grandes compagnies de chemins de fer ont à peu près définitivement conquis le cours de 400 francs, et les titres de création plus récente, soit en France, soit en Algérie, dotés d’une garantie conditionnelle de l’état, se rapprochent de plus en plus du même cours. Ainsi toutes les valeurs de placement, solidement gagées, sont arrivées à des prix très élevés, qui n’offrent plus qu’un rendement réduit. Les capitaux commencent à rechercher d’autres emplois, plus aléatoires, mais plus rémunérateurs. De là une grande fermeté de la plupart des actions depuis longtemps classées, comme celles des chemins de fer français, du Gaz, des Voitures, du Crédit foncier, de la Banque de Paris, du Suez, et une reprise continue de bon nombre d’affaires industrielles qui avaient longtemps souffert de la crise et sortent peu à peu de l’ère des grosses difficultés.

Ces velléités de reprise profitent à nos institutions de crédit, dont la