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à la coquille mince et vitreuse, qui respirent par une sorte de poumon, à la manière des escargots terrestres; puis des paludines à la coquille épaisse, qui respirent par une branchie à la façon des mollusques marins. Un coup de filet procure de très gros insectes, des dytisques et des hydrophiles, les premiers de terribles carnassiers s’attaquant à d’autres insectes, ainsi qu’aux poissons et aux grenouilles, les seconds de paisibles herbivores broutant les conferves : ils ont des ailes, ces gros coléoptères, et, de temps à autre, ils en profitent pour changer de résidence. Ils séjournent néanmoins dans l’eau, et alors, pour les besoins de la respiration, ils recourent à des manœuvres singulières, à des stratagèmes étranges que les élèves suivent avec curiosité, constatent avec joie. Comment ne pas remarquer les libellules traversant l’espace d’un vol rapide à la poursuite d’une mouche ou d’un papillon? Les jolies demoiselles aux allures si élégantes appartiennent à la catégorie des bêtes féroces. Aériennes sous la forme parfaite, ces créatures sont aquatiques pendant le premier âge ; et qu’il est intéressant de comparer aux insectes adultes, si agiles, les larves massives rampant sur la vase! Rien n’aura manqué pour une instructive et charmante leçon de zoologie.

Imagine-t-on combien de connaissances du plus haut intérêt et de la plus grande portée puisera la jeunesse dans de simples excursions à travers champs? A peine a-t-on franchi la porte de la maison que se pressent les sujets d’observation. Sur les bords du chemin pousse l’herbe commune, et vraiment il n’y aurait point à regretter que nos élèves prissent une idée de cette plante de la famille des graminées, qui semble croître pour les humbles de ce monde. Une vieille femme coupe de cette herbe et en emporte sa charge pour nourrir les animaux qu’elle garde en sa pauvre demeure. De l’autre côté du sentier, une chèvre broute cette herbe coriace ; l’histoire de la chèvre n’est pas indifférente. Les écoliers écouteront le maître racontant la vie du petit ruminant, venu des montagnes de l’Asie et vaguant encore à l’état d’indépendance sur les flancs de l’Altaï. En général, ils prêteront une oreille attentive en apprenant ce que les chèvres, dans les âpres contrées, offrent de ressources aux hommes réduits à la plus misérable condition. De quelques broussailles se contente l’animal qui produit des chevreaux, donne du lait, fournit une toison. Et quelle toison! Dans certaines vallées de l’Asie-Mineure et sur les pentes de l’Himalaya, c’est l’incomparable matière textile dont on fabrique les cachemires, ces merveilleux tissus de l’Inde, de la Perse, de l’Anatolie. Les plantes les plus agrestes s’offrent aux regards. Sur le bord du chemin, des chardons et des molènes étalent leurs fleurs, qui attirent les bêtes