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maints égards. Mais on s’en fera une bonne idée d’après les trois exemples que nous allons donner.

Nous les traduisons textuellement; car, en pareil sujet, c’est l’exactitude rigoureuse qui est nécessaire.


Voici ce que raconte M. Wingfield, à Belle-Isle-en-Terre (Côtes-du-Nord).

« Le 25 mars 1880, j’allais me coucher, après avoir lu assez tard, selon mon habitude ; je rêvai alors que j’étais couché sur mon sofa et en train de lire, quand, en levant les yeux, je vis soudain, distinctement, la figure de mon frère Richard, assis sur une chaise devant moi. Je rêvai que je lui parlais, mais que lui inclinait seulement la tête en guise de réponse ; puis il se leva et quitta la chambre. Quand je me réveillai, je me trouvai ayant un pied dans le lit et l’autre pied par terre, essayant de parler et de prononcer le nom de mon frère. L’impression était si forte et si vivante que je quittai ma chambre à coucher pour chercher mon frère dans le salon. J’examinai la chaise où je l’avais vu assis et retournai me coucher, mais je ne pus dormir qu’au matin. Quand je m’éveillai, l’impression de mon rêve était aussi vivante que jamais, très nette et très lucide. J’écrivis sur mes notes le fait de cette apparition, et j’ajoutai les mots : God forbid. — Trois jours après, je recevais la nouvelle que mon frère Richard était mort, ce même 25 mars, à huit heures et demie du soir, des suites d’une chute de cheval, en chassant.

« Je n’avais pas eu de récentes nouvelles de mon frère; je le savais en bonne santé; et je le tenais pour un excellent cavalier. Je n’ai pas raconté le fait à un ami, mais je l’ai inscrit sur mon journal quotidien.

« Je n’ai jamais eu aucun rêve semblable. »


Voici ce que raconte le gardien de l’église de Hinxton-Saffron-Walden : « Le 8 mai 1885, en entrant dans la cour de l’église, le soir, je vis Mme de Fréville dans le costume qu’elle avait d’habitude, un bonnet noir et une jaquette noire, avec un crêpe épais. Elle me regarda bien en face ; sa figure était un peu plus blanche que d’habitude, mais je la reconnus très bien, ayant été quelque temps employé chez elle; je supposai qu’elle était venue, comme elle le fait quelquefois, visiter le mausolée de son mari, et je pensai que M. Weils, le maçon de Cambridge, avait quelque réparation à faire à la tombe. Je me promenai autour du tombeau, en regardant avec soin pour voir si la grille en était ouverte ; cependant je suivais attentivement des yeux Mme de Fréville, et la voyais toujours à 5 ou