Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA
CRISE ACTUELLE
DE LA METAPHYSIQUE
II.[1]
LA MÉTAPHYSIQUE FONDÉE SUR LA MORALE.
I. Charles Renouvier, Essai d’une classification méthodique des systèmes philosophiques, 1886. — II. Charles Secrétan, la Civilisation et la Croyance, 1887.
A l’adage banal du moyen âge, philosophia ancilla theologia, les nouveaux disciples de Kant semblent en vouloir substituer un autre : la métaphysique est la servante de la morale. C’est ce que le maître lui-même appelait « la primauté de la raison pratique sur la raison spéculative. » Le monde intelligible, à jamais fermé pour la métaphysique selon Kant, se rouvre pour la morale, à la condition que ces trois idées suprêmes, — liberté, immortalité, divinité, — ne soient plus présentées comme objets d’un savoir quelconque, ni certain ni même probable, mais comme objets de foi. De là le mot célèbre où Kant résume son œuvre entière : « Je devais abolir la science pour édifier la foi. »
- ↑ Voir la Revue du 1er mars.