Page:Revue des Deux Mondes - 1888 - tome 86.djvu/841

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
JACOB RUYSDAEL

Dans l’art comme dans la vie, les choses les plus simples ne sont pas celles dont on s’avise d’abord. L’histoire de la peinture de paysage nous en fournirait au besoin la preuve. S’il est un genre pour lequel les voies semblent toutes tracées, n’est-ce point celui qui, s’inspirant directement de la nature, peut trouver en elle des sujets d’étude immédiats ? Et cependant, nous l’avons constaté à diverses époques et chez des peuples différens[1], le paysage n’apparaît que tardivement ; et quand, avec un état de civilisation très avancé, il arrive à se constituer, il commence par une extrême complication. Au lieu de se contenter des élémens pittoresques qu’ils ont sous la main et de les copier fidèlement, les premiers paysagistes vont chercher au loin des modèles, et ils s’ingénient à entasser dans leurs œuvres les accidens les plus bizarres et les plus disparates. Ce n’est qu’après avoir épuisé les étrangetés et les accumulations de détails hétérogènes que cet art revient à la simplicité.

Telle a été, en effet, la marche suivie par le paysage dans les Flandres jusqu’à son complet développement. L’école hollandaise avait déjà conquis son indépendance, que l’on continuait encore à y observer ce courant d’émigration qui avait anciennement attiré vers l’Italie un grand nombre de ses artistes et qui persista jusqu’au

  1. voir, dans la Revue : le Paysage dans les arts de l’antiquité et les Commence-siens du paysage dans l’art flamand (15 Juin 1884 et 15 août 1885).