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maintenir l’autorité morale que nous avons acquise sur les peuples par nos succès. Je me crois assuré de battre plusieurs fois les troupes marocaines avec les 7,000 hommes que je vais avoir sur la rive gauche de la Tafna. »

Voici quelle était, à cette époque, la distribution des troupes françaises dans les provinces d’Alger et d’Oran, en commençant par les plus éloignées : au col des Beni-Aïcha, sur la limite orientale de la Métidja, trois bataillons sous les ordres du général Korte ; autour d’Alger, les dépôts, les détachemens de l’artillerie et du génie, un escadron à Boufarik ; à Blida, quatre bataillons sous les ordres du général Gentil ; à Médéa, deux bataillons du 33e ; à Miliana, trois petits bataillons du 648, deux escadrons du 1er chasseurs d’Afrique, un de spahis ; à Cherchel, le 2e bataillon d’Afrique ; à Ténes et Orléansville, quatre bataillons et deux escadrons sous les ordres du colonel Cavaignac ; entre Mostaganem et les Flitta, cinq petits bataillons sous les ordres du général Bourjolly ; à Teniet-el-Had, un bataillon ; à Tiaret, le général Marey, avec trois bataillons et 380 chevaux ; un bataillon au sud-ouest de Mascara ; le général Tempoure en avant de Sidi-bel-Abbès, avec deux bataillons et 400 chevaux ; le colonel Chadeysson à Sebdou, avec trois bataillons et un escadron ; les généraux de La Moricière et Bedeau, en présence des Marocains, avec neuf bataillons et cinq escadrons.

Dans sa dépêche du 10 juin au maréchal Soult, le maréchal Bugeaud disait encore : « Il est impossible de montrer plus de modération que ne l’a fait le général de La Moricière ; je pars après demain pour aller le joindre ; j’ai le projet de demander, dès mon arrivée, des explications sérieuses aux chefs marocains. Si leurs intentions sont telles qu’on puisse espérer de revenir à l’état pacifique, je profiterai de l’outrage qu’ils nous ont fait, en nous attaquant sans aucune déclaration préalable, pour obtenir une convention qui, en réglant notre frontière, établira d’une manière précise les relations de bon voisinage. « Les principales bases de cette convention seraient : 1° la délimitation exacte de la frontière ; 2° que les deux pays s’obligent à ne pas recevoir les populations qui voudraient émigrer de l’un à l’autre ; 3° que l’empereur du Maroc s’engage à ne prêter aucun secours en hommes, en argent ni en munitions de guerre à l’émir Abd-el-Kader. Si celui-ci est repoussé dans les états marocains, l’empereur devra le faire interner avec sa troupe dans l’ouest de l’empire, où il sera soigneusement gardé. À ces conditions, il y aura-amitié entre les deux pays. Si, au contraire, les Marocains veulent la guerre, mes questions pressantes les forceront à se déclarer. Nous ne serons plus dans cette situation équivoque qui peut soulever en Algérie de grands embarras. J’aime mieux la guerre