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dans la visite que je leur fis. Il me semblait avoir devant moi de véritables Français imbus des nécessités de nos intérêts modernes, et qui bientôt allaient être appelés à une porte d’apostolat, celui d’étendre au loin notre influence dans l’ordre moral aussi bien que dans le domaine économique.

Deux ans ont suffi pour déterminer ce changement dans des natures indolentes que beaucoup de personnes supposaient obstinément fermées à toute idée de progrès. Le résultat est merveilleux, mais, s’il ne se crée pas sans retard, à Paris, une vaste institution où tout ce qui touche à l’instruction, à l’éducation de la jeunesse coloniale se trouve réuni, c’est que le gouvernement français sera, très au-dessous de la tâche qui lui est dévolue, par suite de l’accroissement aussi inattendu que considérable de ses possessions d’outre-mer.

Ainsi que, dans une récente conférence, le disait M. J. Harmand, consul-général de France à Calcutta, « rappelons-nous que, si nous avons perdu successivement nos colonies, c’est parce que, nos forces et nos ressources se trouvant absorbées dans les luttes de continent, nous n’avons jamais, pendant nos périodes de paix, accordé à nos pays d’outre-mer l’attention qu’ils méritaient ; que, regardant toujours ces établissemens lointains comme secondaires dans notre politique générale, nous avons négligé de leur donner, quand nous le pouvions, une organisation assez puissante pour leur permettre de résister victorieusement el d’eux-mêmes aux attaques d’un ennemi européen. »

A l’heure présente, deux de nos colonies et un pays de protectorat[1] contribuent à l’entretien de l’école de la rue Ampère. Le gouverneur de la Cochinchine a profité du passage de la deuxième mission cambodgienne pour lui adjoindre un jeune interprète des langues annamite et cambodgienne, qui avait demandé à compléter son instruction en France. L’élan est donné, il n’y a qu’à l’accélérer.

En exécution d’une promesse faite avant son départ pour Tana-narive, M. Le Myre de Vilers, de son côté, s’est préoccupé, dès son arrivée à Madagascar, de l’envoi à l’école d’un certain nombre de jeunes fonctionnaires hovas. Il est bon de remettre en mémoire ces bonnes dispositions au vaillant représentant de la France à la cour d’Emyrne.

Dans un rapport adressé à M. le sous-secrétaire d’état aux colonies, le commandant du Soudan français réclamait instamment

  1. La Cochinchine, le Cambodge et le Sénégal. — L’Ouest africain est représenté par un fils adoptif du roi Tofa, de Porto-Novo.