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LE
ROMAN ETRANGE
EN ANGLETERRE

M. Robert-Louis Stevenson : New Arabian Nights, 1 vol. ; Prince Otto, 1 vol. ; Dr Jekyll and Mr Hyde, 1 vol. London, Chatto and Windus ; The Dynamiter, 1 vol. London, Longmans, Green and Co.

Ainsi que M. Théodore Watts le faisait remarquer dernièrement dans l’Athenœum, ceux des romans anglais qui, depuis quelques années, obtiennent le plus éclatant succès sont des récita d’aventures écrits pour la jeunesse. Et le judicieux critique ne signale pas ce fait sur le ton triomphant que prennent d’ordinaire nos voisins pour se vanter de la vertueuse adresse avec laquelle ils évitent les « terrains défendus. » Cette facilité à se contenter de ce qui amuse des écoliers en vacances semblerait indiquer une disposition croissante à s’éloigner des sentiers de la psychologie. En effet, il n’y a pas de terrain qui ne doive être défendu aux esprits enfantins, pour peu qu’il soit creusé, retourné, analysé sérieusement ; le sujet le plus honnête devient périlleux si l’on se soucie d’aller au fond. Quiconque écrit pour la jeunesse doit s’en tenir à l’observation superficielle, construire des caractères tout d’une pièce et s’imposer de tirer des déductions morales claires et saisissantes de chaque incident ; ce qui est le contraire des règles de l’art, qui n’est astreint à rien prouver, pourvu que l’œuvre soit belle.

Distraire à la fois un public de petits et de grands enfans, c’est ce qui a fait la gloire trop rapide de deux hommes d’imagination,