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UNE
CHAIRE DE PSYCHOLOGIE
EXPERIMENTALE ET COMPAREE
AU COLLEGE DE FRANCE

Un incident récent a vivement ému le monde académique, universitaire et savant. C’est la transformation de la vieille chaire traditionnelle de droit de la nature et de droit des gens en une chaire de psychologie expérimentale et comparée. Comme de très hautes questions philosophiques se lient à cette affaire, on nous permettra d’entrer dans quelques éclaircissemens pour la bien faire comprendre.

Un premier point qu’il faut d’abord mettre hors de cause, c’est que le Collège de France est absolument le maître de son aménagement intérieur. Ces sortes de questions se résolvent par des raisons pratiques et particulières, sur lesquelles la critique extérieure est incompétente et où elle n’a rien à voir. Tout ce que nous pouvons dire, c’est qu’on se méprendrait sur la décision du Collège et qu’on en donnerait une fausse interprétation, si l’on croyait qu’il a voulu proscrire une science, et déclarer qu’il n’y a plus de droit naturel et de droit des gens. Il est fort douteux qu’un corps savant, fût-il le premier du monde, eût le droit de trancher une pareille question. Supprimer une chaire par raison doctrinale serait un acte aussi intolérant que d’imposer une doctrine au titulaire de cette chaire. Aussi le Collège ne s’est-il pas décidé par des