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LE
CODE CIVIL ET LES OUVRIERS

I. Le Code civil et la Question ouvrière, par E. Glasson, membre de l’Institut, professeur à la Faculté de droit de Paris. Paris; librairies Cotillon et Alphonse Picard, 1886. — II. Le Droit et les Ouvriers, par Alfred de Courcy. Paris; librairie Cotillon, 1886. — III. De la Responsabilité et de la Garantie, par Ch. Sainctelette, avocat, représentant, ancien ministre. Bruxelles ; Bruylant-Christophe et C°, éditeurs. Paris ; librairie Marescq, 1884.


I.

Il faut, dit-on, réformer le code civil dans l’intérêt des ouvriers. Ce ne sont pas seulement des tribuns et des hommes d’action qui demandent cette réforme, mais des savans, des hommes d’étude, des juristes. Pourquoi? La première raison, c’est qu’il est indispensable de « faire quelque chose » pour les ouvriers ; la seconde, c’est que la loi civile française est muette, ou peu s’en faut, à leur égard, et qu’il y a lieu, même au point de vue doctrinal et spéculatif, de combler une lacune.

Il importe de réduire sans délai la première de ces deux raisons à sa juste valeur. Si l’on veut dire que les ouvriers, amassant difficilement un pécule, adonnés souvent à un rude labeur et sans cesse aux prises avec les difficultés matérielles de la vie, méritent la sollicitude du législateur, tout le monde sera d’accord. L’accord cessera si l’on prétend, au contraire, qu’il faille nécessairement occuper le législateur de la « question ouvrière » pour ne pas laisser