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prince, qui leur fit grâce et leur permit de regagner leur territoire. Ahmed presque seul avait réussi à s’échapper.

Cette affaire des Ouled-Soltan heureusement conclue, le duc d’Aumale revenait doucement à Batna, quand il reçut du Zab une surprenante et désagréable nouvelle. Le commandant Thomas avait accueilli, à Biskra, dans ses compagnies de tirailleurs, de soi-disant déserteurs du bataillon régulier de Mohammed-bel-Hadj. Celui-ci, qui s’était retiré à Sidi-Okba, profita d’une tournée que le commandant faisait parmi les douars sahariens pour fomenter dans Biskra, au moyen de ses prétendus déserteurs, une insurrection qui éclata pendant la nuit du 11 au 12 mai et gagna les tirailleurs eux-mêmes. De 8 officiers et soldats français qui se trouvaient isolés dans la place, Ix furent massacrés, 3 faits prisonniers ; il n’y eut que le sergent-major Pelisse qui parvint à s’enfuir jusqu’à Tolga où il fut rejoint par le kaïd de Biskra, seul demeuré fidèle. Accouru à marches forcées, le duc d’Aumale était, le 19, devant la place révoltée ; mais à sa grande surprise, au lieu des rebelles il en vit sortir à sa rencontre le sergent-major Pelisse et le kaïd, qui, soutenus par les gens de Tolga, venaient d’y rentrer après le départ de Mohammed-bel-Hadj, lequel, au su de l’arrivée du prince, s’était hâté encore une fois de déguerpir.

Réintégré dans son commandement, le commandant Thomas garda provisoirement deux bataillons sous ses ordres, jusqu’à ce que les travaux entrepris à la kasba pour la mettre en bon état de défense permissent de réduire la garnison à 500 hommes. Le Ix juin, le duc d’Aumale revint à Constantine avec le gros de la colonne.

Pendant cette expédition, le général Randon avait parcouru sans incident, du milieu d’avril à la fin de mai, depuis Ghelma jusqu’à Tebessa, la lisière orientale de la province.


IV.

Dans le même temps que le duc d’Aumale étendait, pour la première fois, au sud de la province de Constantine, la domination française, le général Marey, au sud de la province d’Alger, dirigeait une entreprise analogue et parallèle. Parti de Médéa au mois de mars 1844, il fit une première course chez les Ouled-Naïl. L’effet de cette apparition fut considérable. Le cheikh de Laghouat, Ahmed-ben-Salem, s’empressa de dépêcher son frère Yaya vers le gouverneur-général, avec la mission de demander pour lui-même le titre de khalifa et l’investiture de l’autorité française, moyennant quoi il promettait de payer tribut et d’administrer, au nom de la France toutes les oasis de la région, Aïn-Madhi compris dans le nombre.