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cette province de Constantine dont la soumission, disait-il, n’avait jamais été qu’apparente, et dans laquelle nos bases d’opération et nos lignes de communication étaient sans cesse menacées. Ce tableau flatteur et flatté faisait plus d’honneur à l’imagination du peintre qu’à la sûreté de son coup d’œil ; de toutes ces assertions confiantes il y avait beaucoup à rabattre.

Après les grandes chaleurs, une opération combinée, analogue à celle qui, l’année précédente, avait conduit l’une au-devant de l’autre les divisions d’Alger et d’Oran dans la vallée du Chélif, mit les divisions d’Alger et de Constantine en communication sur leur commune frontière. Deux colonnes, la première venue de Médéa sous les ordres du général Marey, la seconde de Sétif avec le général Sillègue, se rencontrèrent, le 3 octobre, à la limite orientale du Titteri, au pied du Djebel-Dira, dont quelques expéditions antérieures avaient fait le tour, mais où les troupes françaises n’étaient pas encore entrées. La montagne fut parcourue en tous sens pendant quinze jours, mais sans combat, parce que les tribus qui s’étaient d’abord enfuies vers le nord sollicitèrent l’aman. Quand les deux colonnes se furent séparées, le général Sillègue fit une pointe au sud, à travers le Hodna, jusqu’à Bou-Sâda, qui, le 25 octobre, lui ouvrit sans difficulté ses portes. Ce fut plutôt une course de police qu’autre chose. Les gens de Bou-Sâda réclamaient, par exemple, contrôles Ouled-Sidi-Brahim, qui détruisaient le commerce du Hodna en pillant les marchandises dirigées sur Msila ou sur Médéa. Il y avait encore les Ouled-Naïl, dont les caravanes étaient inquiétées par les gens de Msila et les tribus du voisinage. Après avoir fait raison à tous les plaignans et réglé autant que possible les choses pour l’avenir, le général Sillègue revint par Msila et Bordj-bou-Aréridj, le 4 novembre, à Sétif.

Baraguey d’Hilliers, nommé lieutenant-général au mois d’août, avait, dès cette époque, demandé à rentrer en France. C’était le duc d’Aumale qui devait lui succéder à Constantine.


III.

Le 20 août 1843, le maréchal Bugeaud écrivait au maréchal Soult : « l’intention du roi étant que S. A. R. Mgr le duc d’Aumale soit investi du commandement de la division de Constantine, je crois devoir appeler votre attention sur les officiers-généraux qui y sont actuellement employés, afin que vous puissiez prendre telles mesures que vous jugerez convenables pour que S. A. R. soit secondée efficacement pendant le temps qu’elle restera revêtue de ce commandement. Je ne crois pas à M. le général Sillègue, commandant