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des négociations engagées entre les trois cours impériales à l’instigation et sur l’invitation formelle du prince de Bismarck.

La spéculation viennoise est inquiète, fiévreuse, désorientée. Elle attend de Berlin une impulsion décisive, et n’ose croire à la sincérité des propositions conciliantes de la Russie. Là encore les baissiers sont, pour le moment, les maîtres du terrain, bien qu’ils trouvent dans l’apathique indifférence des cercles financiers et dans le peu de goût que l’on y éprouve à engager des affaires dans les circonstances actuelles un obstacle sérieux au succès d’opérations décisives. Le Hongrois or 4 pour 100 a subi peu de fluctuations. Il reste à 77 1/8, après 77 7/16. Les actions des banques et des chemins de fer, à Vienne, sont délaissées. Les Autrichiens et les Lombards ne se relèvent point.

L’Italien était à 93.12 il y a quinze jours. Comme nous le faisions prévoir à ce moment, les rachats du découvert ont relevé ce fonds, pendant quelques jours, jusqu’à 94 francs. Mais de nouvelles offres ne sont produites à mesure que se rapprochait la fin du mois, le traité de commerce franco-italien expirant le 1er mars. Cependant, soit que la spéculation haussière eût surtout en vue le maintien des cours en vue de la réponse des primes, soit qu’elle fût fondée à croire qu’une prorogation de l’ancien traité pour un mois serait encore décidée in extremis entre Rome et Paris, la Bourse du 28 a vu se relever les cours de l’Italien de 93.10 à 93.50, et, par voie de conséquence, ceux de la rente française de 82.05 à 82.15. On se refusait à admettre que M. Crispi engageât de gaîté de cœur, entre la France et l’Italie, une guerre de tarifs dont le commerce de son pays doit indubitablement souffrir plus vivement que le commerce français.

La question du traité de commerce n’est pas la seule cause de l’indécision qui s’est emparée des porteurs de rente italienne. On sait que les finances du royaume ne sont plus dans l’état prospère où on les voyait il y a peu de temps encore. Le budget est en déficit, et le ministre des finances a préparé divers projets de relèvement de taxes ou d’impôts nouveaux devant produire une somme de 70 millions. Mais il est difficile de préjuger quel accueil fera le parlement italien à ces combinaisons de M. Magliani. Celui-ci, d’autre part, n’a toujours pas réussi à placer le solde des obligations de chemins de fer italiens. Enfin, la crise immobilière à Rome, latente depuis plusieurs mois, tend à prendre un caractère aigu à la suite d’une grosse faillite de près de 40 millions atteignant plusieurs établissemens de crédit.

La rente portugaise est ferme à 59, et les obligations 5 pour 100 se tiennent à peu près au pair. L’Extérieure d’Espagne est immobile à 67. Il est toujours question de la retraite du ministre des finances, M. Puigcerver. Les affaires sont fort restreintes sur les obligations égyptiennes et les valeurs ottomanes.