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la maison des Sforza, le Milanais. Venise devait recevoir Crémone et la Ghiara d’Adda ; César serait aidé par l’influence française et les propres troupes du roi dans son entreprise contre la Romagne. Louis vint en octobre recueillir à Milan le fruit d’une conquête que la trahison des capitaines de Ludovic avait rendue facile à d’Aubigny et à Trivulzio. Alexandre, protégé par les fleurs de lis, se hâta d’avancer la fortune de ses enfans. Il nomma Lucrèce régente de Spolète, une ville de l’église qui n’avait point de tyran, puis il attira à Rome Giacomo, le chef de la grande maison des Gaetani, le fit enfermer au Saint-Ange, l’accusa de lèse-majesté, confisqua tous ses domaines et le fit empoisonner. On porta le mort à San-Bartolomeo, dit Burchard, où sa mère et ses sœurs le virent à visage découvert. Tandis que son fils aîné, Guillaume, s’enfuyait à Mantoue, les sicaires de César étranglaient le plus jeune, Bernardino, près de Sermoneta. Le i’2 février 1500, Lucrèce achetait par une vente fictive, pour 80,000 ducats, le fief de Sermoneta.

César, de son côté, n’avait point tardé à se mettre à l’œuvre. La Romagne et les Marches étaient, au nord des états de l’église, le dernier débris de l’ordre féodal en Italie. Les comtes, dont l’institution remontait au XIVe siècle, au temps du cardinal Albornoz, étaient les vicaires du saint-siège, vassaux fort indisciplinés, qui refusaient de payer la redevance et se dérobaient à la main du suzerain pontifical. Alexandre les attaqua donc à la fois par l’interdit spirituel et le glaive temporel. Dès le mois de novembre 1499, César, après être venu secrètement à Rome pour s’entendre avec le pape, assiégeait Imola avec ses troupes françaises et suisses. La ville, qui appartenait aux Riario, tomba le 1er décembre. Le 12 janvier 1500, les Français prirent la citadelle de Forli : Catarina Sforza Riario, la veuve héroïque du neveu de Sixte IV, fut emmenée à Rome et conduite au château Saint-Ange. Dix-huit mois plus tard, les capitaines français obtinrent sa liberté. Elle avait eu de son amant, Jean de Médicis, un fils, Jean des Bandes noires, qui fut, sous Clément VIl, le dernier soldat de l’indépendance italienne.

Cette année 1500, qui fermait le siècle, vit le jubilé d’Alexandre VI. Le monde chrétien marcha, comme il faisait jadis, aux temps de foi profonde, vers la sainte ville de Rome. Le carnaval eut une magnificence extraordinaire; le jour de Pâques, deux cent mille pèlerins s’agenouillèrent sous la bénédiction du vicaire de Dieu. Pendant six mois, le pape se crut parfaitement heureux. Le royaume de César grandissait à vue d’œil : Imola, Cesena, Forli, Forlimpopoli, en formaient déjà le noyau. En février, le Valentinois, vêtu de velours noir, ses cheveux blonds flottant sur les épaules, était entré pompeusement à Rome, à la façon d’un triomphateur antique, applaudi