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un discours à la chambre des lords, sur les chances du maintien de la paix. On doit signaler encore, dans cet ordre d’idées, l’effet assez favorable d’un toast porté par le prince Guillaume, petit-fils de l’empereur d’Allemagne, et qui contient une protestation indignée contre les sentimens belliqueux attribués au prince par l’opinion publique, surtout à l’étranger.

La spéculation s’est donc rassurée à Berlin, à Pesth et à Vienne; elle ne s’était que modérément émue à Paris. Les cours des fonds publics se sont relevés lentement et ne sont plus guère éloignés, en général, du niveau de la liquidation terminée le 2 février. On peut supposer que la reprise aurait même été plus rapide et plus accentuée si le marché de Berlin et les autres places, par contre-coup, ne se trouvaient sous le coup des appréhensions relatives aux suites de l’opération que le prince impérial d’Allemagne a dû subir la semaine dernière.

La rente française, après être restée quelques jours entre 81.40 et 81.50, a été portée lundi à 81.75. La spéculation se montre assez confiante au point de vue de nos affaires intérieures, malgré la lenteur de la discussion du budget. On espère que le ministère ne se heurtera à aucun obstacle sérieux au cours de cette discussion, et que la chambre abandonnera sans peine les propositions de la commission, le temps faisant défaut pour les examiner utilement. Les cours de compensation sur nos trois fonds étaient fixés ainsi le 1er février : 81.65 le 3 pour 100, 85.25 l’amortissable, 106.55 le 4 1/2. Les derniers cours du lundi 13 ont été respectivement : 81.75, 85.10 et 106.70. Il ne reste donc rien de la dépréciation causée par l’incident de la publication du traité.

Les fonds étrangers n’ont pas tous repris de même les cours du commencement du mois. Le Hongrois est encore en réaction de l/4 à 77 1/2, le Russe 1880 de ¾ à 77 3/4, l’Italien de 0 fr. 65 à 93.10. Il s’est produit sur cette dernière valeur des ventes de spéculation et des ventes de portefeuille. Celles-ci se sont ralenties entre 92 et 93. Les premières ont constitué un découvert qui pourra donner lieu à des rachats et à une reprise assez vive, si les conditions générales sur les marchés européens redeviennent favorables. Il n’en restera pas moins le triple fait des embarras du trésor causés par un déficit de près de 80 millions, des dépenses énormes qu’entraîne l’expédition si stérile de Massaouah et la défaveur jetée sur la rente italienne par l’attitude que le gouvernement de M. Crispi a prise à l’égard de la France.

Les négociations engagées à Rome pour la conclusion d’un nouveau traité de commerce ont été suspendues et les négociateurs français ont été rappelés. On sait que la prorogation de l’ancien traité expire à la fin du mois. En prévision de cette échéance, notre ministre du commerce a déposé sur le bureau de la chambre un projet de loi fixant