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le docteur Hirsch, ancien député au Reichstag, avec le concours des différens comités. Quoique les caisses de secours de ces associations libres ne reçoivent d’autres subventions que les cotisations volontaires des ouvriers, elles ont eu, pendant leur dernier exercice annuel, une recette de 880,000 marks, contre 708,000 marks de dépenses, dont 617,000 marks employés pour secours aux malades. La caisse des invalides, indépendante des caisses de malades, n’a encore que 5,000 sociétaires, dont 490 ont touché, l’an passé, 6,764 marks pour des cures dans des stations balnéaires, et 368,756 marks de pensions : son capital placé en fonds de garantie s’élevait à 262,687 marks à la même époque. Une des questions à l’ordre du jour dans les comités de l’union est l’assurance contre le chômage, comprenant les secours aux sociétaires obligés de se déplacer pour trouver du travail.

En somme, le principe des Gewerkvereine allemands est celui de l’assistance mutuelle, avec l’adhésion entièrement libre des sociétaires, sans autre obligation envers l’état que celle de rendre compte de la gestion des caisses à l’office impérial des assurances. Le contrôle officiel, qui s’étend à toutes les associations et aux établissemens publics de tout ordre, peut contrarier l’initiative privée : il ne va pas jusqu’à mettre des entraves aux œuvres réellement utiles. Dans tous les cas, les efforts de l’union des associations professionnelles pour amener le bien-être des ouvriers par voie légale et pacifique, au moyen d’institutions issues du concours libre des classes laborieuses, a droit à toutes les sympathies de l’opinion publique. Ces associations et leur mandataire, M. le docteur Max Hirsch, ont le mérite d’avoir sauvé l’existence légale des caisses de secours libres, d’avoir formé des caisses de pension pour les invalides, sans autre subvention que les versemens des ouvriers associés. Aux partisans de la doctrine du laisser-faire absolu, que la réussite des Gewerkvereine doit intéresser à juste titre, il faut rappeler pourtant que, sans « aider à faire, » le succès serait ici moins étendu. Le nombre des sociétaires des caisses libres de l’union des corporations professionnelles a doublé de 1882 à 1885, parce que la loi sur l’assurance obligatoire contre la maladie a rendu dans l’intervalle l’assurance obligatoire. En ce qui concerne la réglementation du travail, les Gewerkvereine attendent plus du progrès des mœurs que de la contrainte législative. Mais s’ils tiennent à garantir la liberté individuelle comme base de la prospérité générale, ils demandent cependant la protection des faibles : « Nous faisons une distinction entre la protection légale des mineurs, justifiée en principe autant qu’au point de vue économique, et la protection des ouvriers adultes, qui doit être essentiellement abandonnée à ceux-ci eux-mêmes et à leurs associations. Seulement, le sexe féminin a besoin