à leurs fins, les zélateurs de l’état communiste invoquent les procédés du champion de la monarchie. La morale vulgaire ne peut condamner en bas des actes glorifiés quand ils partent d’en haut. Sacrifice pour sacrifice, si le chancelier de l’empire a trouvé honneur et profit au prix du sang répandu pour l’unification politique de la nation, Most et Hasselmann se croient en droit d’en appeler aux violences des prolétaires, afin d’assurer aux masses nécessiteuses une existence meilleure. Etourdi par les sophismes de ses meneurs, un peuple dans le besoin, et qui ne croit plus en Dieu, revendique une plus large part de jouissances matérielles avec d’autant plus de force que les abus visibles de la classe en possession de ces jouissances excitent davantage ses convoitises. Des hommes qui n’ont rien au monde, qui ne voient devant eux que le spectacle de leurs peines, qui ne se sentent pas soutenus par l’espoir des compensations dans une autre vie, ne peuvent rester convaincus de la légitimité de la propriété. Si la notion de la propriété individuelle est présentée comme l’effet d’un droit historique, ils réclament, au nom du droit naturel, les fruits du travail pour les travailleurs. N’entendons-nous pas les historiens raconter comment les Germains des premiers temps, arrivés entre le Rhin et l’Elbe, cultivaient la terre en commun et se partageaient les récoltes entre eux dans la mesure de leurs besoins? Aussi bien les collectivistes saxons considèrent comme un acte de justice de rétablir pour l’avenir l’ancienne coutume du passé, en attribuant à la communauté, avec la propriété collective du sol, le soin de la culture et la répartition des produits dans une mesure égale pour tous. Certes, nous ne pensons nullement que le capital rendu collectif, la confiscation des instrumens de travail au profit des travailleurs amènent le règne de l’égalité et de l’équité ; mais, nous ne croyons pas non plus au pouvoir de la police d’extirper l’idée du socialisme du sein des prolétaires sous l’égide d’une loi d’exception.
Les libéraux progressistes, qui ont combattu avec le plus de vigueur la loi d’exception contre les socialistes, ont cherché à provoquer l’organisation des institutions de secours par l’initiative privée. Sous cette inspiration se sont formés les Gewerkvereine ou associations professionnelles, établies en Allemagne sur le modèle des trade-unions anglaises. Un prince en exil, le comte de Paris, qui a fait une étude approfondie de leur organisation (les Associations ouvrières en Angleterre), attribue à leur influence la disparition des « luttes stériles entre le capital et le travail, dont le public finit toujours par payer les frais, » Selon l’auguste économiste, « plus ces sociétés s’étendent et se fortifient, plus aussi elles se modèrent dans leurs allures, » au point que, « par le simple effet d’une heureuse entente entre les maîtres et