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sont pas plus gênans pour les chefs d’industrie que la visite des inspecteurs de lubriques chargés de surveiller le travail des enfans dans les ateliers.

Dans les grands établissemens industriels, l’application de la loi sur l’assurance obligatoire contre la maladie présente moins de difficulté que pour les petites communes rurales, qui le plus souvent ne comptent pas un nombre suffisant d’artisans ou d’ouvriers. Dans ce cas la loi autorise l’association des groupes de communes pour une même caisse. A ceux qui trouvent que l’institution de ces caisses de malades communales ne répond pas à un besoin urgent, en dehors des centres industriels, les partisans de l’institution objectent que, du moment où l’assurance devient obligatoire pour les ouvriers des grands centres industriels, où personne ne conteste l’utilité de la mesure, on ne peut en dispenser les campagnes, à cause de la difficulté de tracer une démarcation entre les petits ateliers d’artisans et les grandes agglomérations. Plus sérieuse est l’objection faite au sujet des ouvriers valétudinaires ou atteints de maladies incurables, auxquels beaucoup de patrons pourront refuser le travail, sous prétexte que l’assurance obligatoire leur impose des sacrifices pour des sujets exposés à entrer en traitement à tout moment. D’un autre côté, lors des premiers débats sur l’assurance des ouvriers industriels, on s’est demandé aussi pourquoi les journaliers et les ouvriers agricoles, qui ne travaillent pas régulièrement chez le même patron, mériteraient moins de sollicitude que les artisans et les ouvriers de fabriques, quand la maladie les atteint et expose leur famille à la misère? En réponse à ce vœu, une loi d’empire complémentaire, du 9 avril 1886, autorise les états particuliers à régler par voie législative les conditions d’admission, dans les caisses de malades locales et cantonales, des ouvriers ruraux et des ouvriers forestiers. Depuis longtemps, certaines communes d’Alsace ont fondé, de leur libre mouvement, des caisses de malades auxquelles participe la population entière, riches et pauvres, patrons et ouvriers, rentiers et cultivateurs, avec indemnité de chômage et soins gratuits, assurés au moyen de cotisations les mêmes pour tout le monde. Généraliser l’usage de ces associations de secours, communes à toutes les classes de la population, ce serait réaliser l’idéal du programme social à l’ordre du jour en Allemagne, si tant est que la contrainte, même légale, peut atteindre un idéal réalisé dans des cas isolés par la libre initiative des intéressés.

L’assurance contre la maladie doit procurer aux assurés, outre les secours indiqués plus haut, une indemnité de chômage égale au montant du salaire journalier moyen pendant trois semaines pour femmes en couches. Une indemnité égale au salaire de vingt