plaider la cause de la Confédération, dont il espérait être le représentant aux conférences de la paix; mais, s’apercevant de l’inanité de ses efforts, il déclina pour Dresde, — dont il n’était pas question, — l’honneur d’être le siège des délibérations. « Nous étions tout disposés, disait-il à M. de Moustier, à offrir l’hospitalité à un congrès de souverains, mais il ne saurait nous agréer d’être la loge de portier de leurs représentans. »
La chute de Sébastopol, par une ironie du sort, coïncidait avec la fête de l’empereur Alexandre. Le prince Gortchakof reçut la confirmation du désastre au moment où il sortait de l’hôtel de l’ambassade, en gala avec le personnel de sa mission, pour se rendre au Te Deum qu’on allait chanter en l’honneur de son souverain. L’envoyé du tsar, si robuste dans sa foi, si vaillant dans ses luttes, entra pâle, défait, comme brisé par la douleur, dans la chapelle grecque, où l’attendaient la colonie russe, les généraux et les dignitaires de la cour d’Autriche. Les sanglots se mêlèrent aux actions de grâce. On oublia le tsar devant le deuil de la patrie. — Les diplomates français ont célébré, au mois d’août 1870, sous le coup de terrifians revers, comme les diplomates russes au mois de septembre 1855, une fête nationale qui ne devait plus avoir de retours. Ils ont médité, comme eux, sur la fragilité des choses d’ici-bas; ils ont vu, à travers l’encens des autels, un souverain précipité du faîte de la puissance dans un sanglant abîme.
L’occupation de la Crimée, conséquence forcée de la prise de Sébastopol, constituait le point de départ d’une situation nouvelle dégagée des obscurités et des aléas du passé. Les alliés pouvaient désormais, l’honneur militaire étant largement satisfait, formuler sans arrière-pensées et sans réticences les conditions de la paix. Napoléon III était tout disposé à arrêter les hostilités et à tendre la main à l’empereur Alexandre ; mais l’Angleterre n’entendait déposer les armes qu’après avoir saigné la Russie à blanc, ruiné son commerce et ses finances. C’était plus que ne comportait l’intérêt de la France. Tout allait dépendre de l’attitude du tsar. Une grande modération de langage avait succédé, à Pétersbourg, à une vivacité et à une jactance dont l’écho à peine affaibli arrivait naguère à Berlin. Le ton de la diplomatie russe allait baissant d’heure en heure. « Nous sommes condamnés par les événemens à rester muets, disait spirituellement le prince Gortchakof, mais nous ne sommes pas forcés d’être sourds. » C’était une invite.
Le parti de la guerre, cependant, ne désarmait pas ; il dissimulait l’état des choses, il exagérait ses ressources ; à l’entendre, on était en mesure, par l’abondance des munitions et des approvisionnemens, de prolonger la lutte des années encore. Les alliés savaient à quoi s’en tenir. Les routes qui conduisaient de la Russie