momens de Custine[1] : « Il fut conduit au supplice ayant à ses côtés un ministre de la religion, armé d’un crucifix qu’il lui faisait embrasser. Il lui disait quelques passages d’un livre de piété. Custine partait une redingote nationale. Il regardait avec sensibilité le peuple qui applaudissait à son supplice. Ses yeux attendris, et quelquefois mouillés de larmes, se fixaient vers le ciel. Arrivé au lieu de l’exécution, il s’est mis à genoux sur les premiers degrés de l’échelle ; puis, se relevant, il a jeté les yeux sur le fer fatal et est monté avec fermeté sur l’échafaud. »
C’est ainsi que le vaillant soldat, qui ne fut jamais un traître, tomba sur le dernier champ de bataille. Sa mémoire n’a pas besoin d’être réhabilitée.
Pour obéir aux volontés suprêmes de Custine, le confesseur qui l’avait assisté avait envoyé les cheveux qu’il lui avait remis à sa fille, Mme de Cauvigny, et il avait écrit à Delphine pour lui raconter les derniers momens de son beau-père. Delphine avait gardé le souvenir de l’abbé Lothringer, « vicaire de l’évêque du département de Paris. »
Dès le 28 août 1793, le lendemain de la condamnation, le commis-greffier du tribunal révolutionnaire, Wolf, avait en effet écrit ce billet à l’évêque de Paris :
« Citoyen,
« Vous êtes prié d’envoyer au citoyen Custine, qui vient d’être condamné à mort et doit être exécuté demain, à neuf heures du matin, un ministre du culte. Il désire l’avoir tout de suite. C’est ce qu’il vient de faire dire.
« Signé : WOLF, c.-greffier[2]. »
Une heure après que la tête de Custine eut été tranchée, l’abbé Lothringer était dénoncé comme ayant montré des sympathies au condamné. Ses dénonciateurs n’étaient rien moins que le gendarme Martin Henry, qui conduisait Custine à l’échafaud, et Sanson père, le bourreau.
Ce qui aggravait la situation de l’abbé Lothringer, c’est que, dans sa dénonciation, Sanson déclarait que, lors de l’exécution d’un sieur Miaczinski, il avait entendu le même prêtre, confesseur de ce