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contre l’indiscipline fomentée dans les régimens. Connaissant peu les hommes, il avait souvent rencontré, dans le bon sens de sa belle-fille, des conseils dont il n’avait pas tenu compte. Il en était résulté des froissemens.

François-Philippe était à l’armée de Lükner comme aide-de-camp ; Paris était de plus en plus troublé : Delphine se retira dans un village de Normandie, à Boisfosse, près Verneuil, avec son enfant, qu’elle sevrait. Le passeport qui lui est délivré par la section de la Fontaine-de-Grenelle est du 5 septembre 1791[1]. Son mari, à peine âgé de vingt-trois ans, venait d’être chargé de la mission la plus délicate.

La coalition s’était formée. Les ministres constitutionnels de Louis XVI, Narbonne et de Lessart, eurent la pensée singulière de demander au duc de Brunswick de refuser le commandement des armées coalisées contre la France ; ils croyaient que les crises de la révolution seraient moins périlleuses pour le roi si des troupes alliées étaient contrariées dans leur marche, et le refus de les commander arraché au général qui passait pour le meilleur élève du grand Frédéric était alors une de ces illusions qui ne semblaient pas trop irréalisables. Mme de Staël avait pris au plan de cette entreprise la part la plus active. Elle y portait son ardeur habituelle. Philippe de Custine, ami de Narbonne, admirateur passionné de la jeune ambassadrice de Suède, avait été choisi pour cette étrange négociation.

Sa jeunesse ne parut pas un obstacle, tant il était sérieux, instruit et réfléchi. Louis XVI lui-même s’était laissé convaincre et lui avait donné une lettre d’introduction. François-Philippe de Custine partit pour Brunswick dans les premiers jours de janvier 1792. Le récit de sa mission, contenu dans un rapport à de Lessart, ministre des affaires étrangères, est plein d’intérêt[2]. Les entretiens qu’eut le jeune envoyé ne lui laissèrent aucune illusion. Les événemens se prononçaient en Allemagne. L’alliance entre la Prusse et l’Autriche avait été signée le 7 février ; la négociation échouait donc complètement. Mais la confiance inspirée par François Philippe de Custine était telle, qu’au lieu de le rappeler à Paris, on l’envoya de la petite cour de Brunswick tenter à Berlin de détacher le roi de Prusse de la coalition.

Il trouvait en Prusse, installée au château de Rheinsberg, la comtesse de Sabran, plus effrayée que jamais du rôle qu’il jouait. Lorsque François-Philippe voulut retourner en France, afin de rendre compte de ses négociations, sa belle-mère se joignit à tous les amis

  1. Archives nationales. Section administrative F7 4603. (Voir pièces justificatives.)
  2. Revue historique, 1er année 1876 : la Mission de Custine à Brunswick en 1792, par M. A. Sorel.