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du roi, son bâton de maréchal, le gouverneur eut une cérémonie d’un tout autre genre à subir. Il avait, la veille, fait mander par ordre le général Changarnier à son cabinet. Voici, d’après les mémoires du général, le compte-rendu de cette audience: « Accompagné d’un de mes aides-de-camp, le capitaine Pourcet, je mis pied à terre à la porte du palais du gouvernement ; nous fûmes immédiatement introduits dans le cabinet du maréchal Bugeaud. Quand nous nous fûmes assis, il commença un récit de nos relations. Les nombreuses inexactitudes, quelques passages choquans de son discours préparé auraient justifié une vive réponse. Pour n’avoir pas à la faire, je profitai d’une quinte de toux du gouverneur pour me lever et lui dire, quoiqu’il me fit signe qu’il n’avait pas fini : «Nous sommes d’accord sur un point, la nécessité de nous séparer. Permettez que cette séparation ne soit pas précédée de paroles trop pénibles pour tous les deux. » Je le saluai et nous nous retirâmes, le capitaine Pourcet et moi, sans que le gouverneur eût eu le temps de reprendre sa harangue. » Le général a oublié ou négligé de faire mention dans ses mémoires d’une lettre qu’il écrivit, trois jours plus tard, le 15 août, au maréchal Soult. Elle vaut la peine d’être citée, car elle n’est pas la moins importante des pièces de l’enquête. La voici :

« D’après un ordre reçu, le 11 au soir, à Blida, je me suis rendu, le 12, auprès de M. le gouverneur-général. Dans le long discours qu’il m’a tenu, et dont l’urbanité n’a pas toujours été le caractère principal, il m’a annoncé qu’il vous envoyait les copies de plusieurs de mes anciennes lettres. L’ennemi n’a pas toujours été le plus grand de mes embarras, mais l’habitude invétérée chez M. le gouverneur-général d’accueillir avec faveur et préférence les rapports publics ou secrets de certains subalternes (entendez Saint-Arnaud), dont je n’ai jamais pu empêcher la correspondance aussi irrégulière que fâcheuse pour la discipline, ne m’a pas toujours rendu l’exercice de mon commandement agréable et facile. J’arrête là mes observations sur des lettres dont on ne m’a même pas indiqué l’époque précise, mais qui, en définitive, doivent vous prouver que je n’ai pas attendu le grade de lieutenant-général pour repousser les attaques à ma dignité personnelle.

« Non, monsieur le maréchal, ma demande n’est pas basée sur un prétexte, mais sur la conviction de ne pouvoir plus rendre d’utiles services sous les ordres d’un chef qui, dans cette conversation du 12, a manifesté toute la violence de la haine dont j’avais déjà reçu plus d’une preuve. Lorsque M. le gouverneur-général se montrait bienveillant, je n’étais point ingrat, mais mes sentimens ont dû changer avec les siens. Lorsqu’il vous écrivait en termes chaleureux en ma faveur, plus modeste qu’il ne prétend, je pensais dès lors