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Le tsar désire le maintien de la paix. Il l’a prouvé par l’appui qu’il donne à la politique de M. de Giers, et encore par la publication qu’il a ordonnée d’un budget pour 1888, préparé sous ses auspices par le ministre des finances, M. Wichnegradsky, et où les dépenses du ministère de la guerre, loin d’apparaître en augmentation, ont été au contraire diminuées.

M. Tisza, président du conseil et ministre des finances de Hongrie, avait à répondre à des interpellations de deux membres du Reichstag de Pest, portant sur la situation politique générale, sur le caractère des armemens de la Russie et sur la confiance que l’Autriche-Hongrie pouvait conserver dans la sincérité et l’efficacité de l’alliance de l’Allemagne. La réponse s’est un peu fait attendre. M. Tisza ne s’est décidé à parler que samedi dernier. Ses déclarations, très pacifiques, ont été bien accueillies par la diplomatie, dans les cercles politiques et dans la haute finance. Mais la spéculation de Vienne a persisté dans son humeur pessimiste, où la presse des deux empires alliés travaille d’ailleurs assidûment à l’entretenir.

Comme il faut que le Reichstag allemand vote la nouvelle loi militaire, ainsi que le crédit de 350 millions de francs qu’exige l’application de cette loi, il ne convient pas au gouvernement de Berlin que l’opinion publique se rassure trop vite et trop complètement à Vienne. Les inquiétudes ne sont donc pas encore dissipées, mais elles commencent à paraître plus factices que réelles, et il faut espérer qu’elles perdront bientôt toute action sur les marchés européens.

Les fonds russes se sont maintenus avec assez de fermeté, sans avoir pu toutefois regagner ce que leur avait fait perdre la dernière campagne de baisse engagée contre eux à Berlin. Le 4 pour 100 1880 est resté d’abord immobile à 78 1/2; il a faibli le dernier jour à 78.

Le 4 pour 100 or de Hongrie a commencé par reprendre près d’une unité de 77 à 78. Les déclarations de M. Tisza ont eu pour effet de lui faire reperdre 1/2 à 77 1/2. Le 25 janvier a été signé, entre M. Tisza et le groupe Rothschild, un contrat pour l’émission de 29 millions de florins en rente or, dont le syndicat prend la moitié ferme et le reste à option. Le prix de cession au syndicat est 76.50.

L’Italien a eu un marché très agité. Le 14, il était coté 93.95. On l’a vu successivement à 93.25, puis à 94.75, et il est finalement revenu à 93.90. La spéculation lui était redevenue favorable après la solution de l’incident de Florence. Il ne faut pas oublier que la rupture-des relations commerciales entre la France et l’Italie serait pour celle-ci un pas décisif vers le rétablissement du cours forcé, et il n’est pas besoin de dire quel coup serait porté par là à son crédit. Aussi est-on convaincu que les négociations, même en cas de rupture, seraient reprises à bref délai, probablement avant la fin de février.

Le plus favorisé parmi les fonds d’état, pendant la dernière quinzaine,