mystère dont il ne se lasse pas de demander le mot aux choses, aux hommes et à Dieu :
Nous demandons, vivans douteux qu’un linceul couvre,
Si le profond tombeau qui devant nous s’entr’ouvre,
Abîme, espoir, asile, écueil,
N’est pas le firmament plein d’étoiles sans nombre;
Et si tous les clous d’or qu’on voit au ciel dans l’ombre
Ne sont pas les clous du cercueil.
Nous sommes là; nos dents tressaillent, nos vertèbres
Frémissent; on dirait parfois que les ténèbres,
O terreur! sont pleines de pas.
Qu’est-ce que l’ouragan, nuit? C’est quelqu’un qui passe.
Nous entendons souffler les chevaux de l’espace,
Traînant le char qu’on ne voit pas.
Si, d’ailleurs, entre tant d’autres, nous choisissons ici ces deux strophes, c’est que l’on y voit assez bien comment d’une terreur d’abord
toute physique ou tout instinctive de la mort, s’est dégagée la philosophie même du poète, sa conception de la vie et du monde. Et, en effet, c’est la pensée de la mort qui lui a enseigné la pitié et la fraternité, comme c’est elle qui lui a enseigné l’espérance. Mais c’est elle
surtout qui lui a fait entrevoir le sens caché des choses; qui, par la
quantité « d’inconnu » ou « d’infini » qu’elle enferme, l’a familiarisé,
pour ainsi dire, avec l’ombre et le mystère; et qui a fait de lui, enfin,
le poète, s’il y en eut jamais un, de « l’insondable » et de « l’inaccessible, » celui de Pleine mer et de Plein ciel, de la Vision de Dante et
de la Trompette du jugement. N’est-on pas un peu étonné, dans un
Dictionnaire des métaphores de Victor Hugo, de n’en retrouver presque
pas une qui soit tirée de ces poèmes extraordinaires? ni le clairon
- ….. forgé par quelqu’un de suprême
- Avec de l’équité condensée en airain?
- ni
- Le flambloiement flottant sur les nuits éternelles?
- ni
- ……. le bâillement noir de l’eternité?
et ne pensera-t-on pas que peut-être elles y eussent assez heureusement remplacé quelques « fleurs, » quelques « étoiles » et quelques