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en 1884. Enfin la ville de Paris, pour offrir aux jeunes filles qui désirent aborder les carrières industrielles ou artistiques les moyens de se perfectionner dans l’art du dessin et de ses applications, subventionne quatorze écoles libres où cet enseignement est donné, à titre gratuit, à un certain nombre d’entre elles.

En dehors des établissemens entretenus par les villes, l’instruction professionnelle est donnée dans tous les orphelinats. Il y en a 20 dans Paris et 234 en province. On y enseigne la couture, la lingerie, le blanchissage, les raccommodages, le repassage, la broderie et le ménage. Ces établissemens sont tenus par des religieuses. Il existe de plus à Paris 28 écoles professionnelles catholiques, dont 18 congréganistes et 10 laïques. On y admet les jeunes filles à douze ans, et la durée habituelle de l’apprentissage est de trois ans. Dans les orphelinats, comme dans les écoles professionnelles de la ville, les études complémentaires de l’instruction primaire marchent de front avec les travaux industriels. Tous les métiers accessibles aux femmes y sont représentés. On y enseigne de plus la tenue des livres, le droit commercial, l’anglais, l’allemand, le dessin d’après nature, l’aquarelle, la peinture sur porcelaine, sur faïence, sur étoffes, etc.

Dans les écoles que je viens de passer en revue, on se préoccupe surtout de faire apprendre aux jeunes filles un métier qui les fasse vivre. En Belgique, au contraire, on a pour but de leur montrer comment on doit tenir un ménage d’ouvrier. Cette notion est indispensable aux femmes de ce pays, dont presque toute la population est employée dans les usines et les exploitations minières. C’est le prince de Caraman-Chimay, alors gouverneur du Hainault, qui créa les premières écoles ménagères dans la province qu’il administrait. Son exemple fut bientôt suivi et, trois ans après, il en existait déjà une dizaine. On y reçoit les petites filles à la sortie des écoles primaires, à la condition qu’elles sachent lire, écrire et calculer. Elles en sortent à quatorze ans avec un brevet de capacité, si elles l’ont mérité. L’instruction y est plus spécialement dirigée vers les soins du ménage. On leur apprend à laver, à faire la lessive, à repasser, à nettoyer et entretenir les meubles. On leur donne des leçons de cuisine ; on leur montre à faire et à cuire le pain, ce qui est en Belgique la source d’une grande économie. Les écoles ménagères de ce pays ont été récompensées au concours international de Paris en 1878. Le prince de Chimay, leur fondateur, a reçu une médaille d’argent, et l’état les a prises sous son patronage. En France, des essais analogues ont été faits à Lyon et au Havre. Ils ont complètement réussi. A Rouen, le président de