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à des enfans de dix ans les caractères zoologiques des différentes classes d’animaux. Lorsqu’il s’agit de travaux manuels, on ne se borne pas à leur montrer la réparation des vêtemens et du linge, les reprises et le rapiéçage, on y joint la coupe et l’assemblage avec le tracé des patrons, exécuté d’abord sur le tableau noir, puis reporté par l’élève sur le papier ou sur l’ardoise, et c’est ce côté savant de l’art de la couture qui est plus particulièrement cultivé, de telle sorte qu’on voit sortir des écoles primaires des petites filles qui savent dessiner un patron, mais qui sont incapables de repriser un bas ou d’ourler un mouchoir. C’est toujours le même travers, qui consiste à vouloir tout enseigner à la fois, et qui conduit à ne rien savoir, ou tout au moins à ne pas posséder à fond les connaissances nécessaires, parce qu’on a réparti sur une trop large surface la somme d’attention et de capacité intellectuelle des enfans.

Pour arriver à ce résultat, il a fallu maintenir les trente heures de classe par semaine, malgré l’avis de la commission d’hygiène dont j’ai déjà parlé, et qui avait proposé de réduire la durée des cours à quatre heures, deux heures le matin et deux heures le soir avec une récréation au milieu de chaque séance. L’arrêté ministériel du 18 janvier a également consacré le principe des devoirs à faire à domicile et des leçons à y apprendre, de telle sorte que, le zèle des institutrices aidant, les petites filles des écoles primaires sont tout aussi surmenées que les garçons des lycées.

Le docteur Dujardin-Beaumetz, auquel sa fonction de médecin du lycée Fénelon et de l’Ecole normale de Paris donne une compétence toute particulière à cet égard, a fait à l’Académie de médecine une communication d’où il résulte que la durée des classes dans les écoles primaires est de trente-deux heures et demie pour les cours élémentaires et moyens, et de trente-cinq heures pour les cours supérieurs et supplémentaires. Tout ce temps est consacré au travail intellectuel, sauf une demi-heure accordée à la gymnastique, dont l’enseignement est maintenant donné à tous les enfans des deux sexes. La petite fille qui a passé six ou sept heures en classe est en outre forcée de consacrer, à la maison, un temps assez long aux devoirs et aux leçons. En rentrant, elle doit donc se mettre immédiatement au travail, et n’a plus un instant pour aider sa mère dans les soins du ménage.

Ces travaux sans trêve sont d’autant plus nuisibles qu’ils s’exécutent dans un milieu peu hygiénique, dans un local trop petit, encombré et au milieu du bruit des autres enfans. Enfin les élèves n’ont même plus la journée du jeudi pour se distraire, car les cours d’application (cuisine, blanchissage, nettoyage) en absorbent