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Dans les couvens, il y a généralement des dépendances considérables, de grands jardins ou même des parcs pour la récréation ou la promenade. Ce sont des établissemens créés depuis longtemps, dans des quartiers excentriques où l’espace n’a pas été ménagé. L’éducation y est plus uniforme; la règle, la méthode, les principes sont à peu près les mêmes dans tous. On compte en France soixante à soixante-cinq maisons religieuses, renfermant environ 3,500 élèves. Les principales sont celles du Sacré-Cœur, des Ursulines, des Dames de la Visitation et de l’Assomption ; viennent ensuite dans l’ordre d’importance: les Augustines, qui ont trois maisons à Paris[1] ; les couvens de Chavagnes, celui qui a été fondé par le i)ère de Ratisbonne, et le couvent de Picpus ou de la Mère de Dieu.

Les couvens ne sont pas uniformément répandus dans toute la France; ils sont surtout nombreux dans les départemens de l’ouest, et principalement en Bretagne, où toutes les jeunes filles appartenant aux classes riches y font leur éducation. On se loue beaucoup de la façon dont elles y sont élevées. L’instruction religieuse y est tout naturellement l’objet de soins particuliers; on pourrait même reprocher à certains d’entre eux d’y attacher trop d’importance et de perdre de vue l’objet de leur fondation, qui consiste à former des femmes pour la vie du monde, et non des religieuses. On y consacre, en général, trop de temps aux offices; cela dépend, du reste, de l’ordre auquel les maisons appartiennent et du caractère des supérieures qui les dirigent. En ce qui concerne l’enseignement, presque tous les couvens ont adopté les méthodes, les règles et même les programmes des collèges de jésuites, en se bornant à en exclure les langues mortes. Le niveau des études varie suivant les pensionnats ; mais partout il s’est notablement élevé, depuis qu’on a supprimé les lettres d’obédience et exigé des maîtresses les mêmes garanties que celles qu’on demande aux institutrices laïques. On peut dire, en somme, que l’éducation que les jeunes filles reçoivent dans ces maisons est sérieuse, solide et exempte des préoccupations relatives aux examens à passer, aux diplômes à conquérir. Les élèves y sont l’objet d’une surveillance assidue, affectueuse, et conservent presque toutes des sentimens d’affection et de reconnaissance pour les femmes qui les ont élevées.

L’hygiène laisse à désirer dans les couvens comme dans les pensionnats : les soins de propreté y sont trop sommaires; le mobilier scolaire est défectueux et suranné ; les récréations sont trop courtes.

  1. L’Abbaye-au-Bois, les Oiseaux et le Roule.