la même existence qu’à la ville. Il en est qu’il faut contraindre pour les faire sortir de leur chambre ou du salon ; après un tour de jardin, une courte promenade dans le parc, elles trouvent une foule de prétextes pour rentrer et reprendre leur lecture, leur broderie ou leur étude de piano. J’ai eu l’occasion plus d’une fois de voir des jeunes filles de quinze à seize ans, habitant la campagne pendant toute l’année, y devenir aussi pâles, aussi nerveuses, aussi anémiques que celles qui ne quittent jamais la ville. Lorsque j’en témoignais mon étonnement, on m’apprenait qu’elles avaient pour le grand air et le soleil une antipathie insurmontable et qu’elles sortaient à peine de la maison. A l’âge où nous supposons les jeunes filles parvenues, les jeux sur les promenades publiques ne leur sont plus permis; c’est alors que la gymnastique intervient avec avantage pour les remplacer par des exercices réguliers et rythmiques qui mettent en action le système musculaire tout entier. Elles s’y livrent avec plaisir lorsqu’on en réunit un certain nombre pour prendre leurs leçons en commun. L’émulation se met de la partie ; la gaîté y a sa part, et c’est merveille de voir la souplesse et la grâce avec lesquelles ces grandes fillettes sveltes et élancées évoluent autour des trapèzes, des cordes à nœuds, des barres horizontales, des échelles et des anneaux. Il est bien entendu qu’il faut apporter dans ces exercices encore plus de circonspection que chez les garçons, qu’il est indispensable d’éviter l’excès de fatigue, et qu’il ne s’agit pas de former des acrobates.
L’hydrothérapie, le troisième des moyens que j’ai énumérés en commençant, n’est pas seulement un agent thérapeutique, c’est encore une pratique hygiénique des plus salutaires. L’introduction de l’eau froide dans le régime de l’enfance est une conquête à réaliser dans notre pays. C’est chose faite en Angleterre, où le tub a sa place dans tous les cabinets de toilette. En France, il faudra vaincre bien des préjugés pour en arriver là, et cependant c’est la condition sine quâ non de cette propreté rigoureuse dont nos voisins nous dorment l’exemple et qui est indispensable à la santé. C’est le plus puissant moyen de combattre le sybaritisme de la chaleur dont j’ai déjà parlé, la tendance au lymphatisme, aux spasmes, aux congestions locales et le froid aux pieds, ce supplice de la plupart des femmes.
L’hydrothérapie, employée avec les précautions qu’elle exige, est surtout utile chez les jeunes filles à l’époque de leur formation, et il ne faut pas attendre, pour y recourir, qu’elles soient devenues malades. Elle est encore plus efficace pour prévenir les accidens de la puberté que pour les combattre, il n’est pas possible d’avoir dans toutes les maisons des installations hydrothérapiques complètes ;