ont affranchi la femme de cet esclavage, mais sans la relever de son infériorité. Dans les républiques grecques, elle n’était plus la servante de l’homme, mais on l’avait reléguée dans le gynécée. Les musulmans l’enferment encore dans les harems. C’est le christianisme qui a émancipé la femme; c’est lui qui a proclamé l’égalité des deux sexes, et c’est la civilisation moderne qui l’a réalisée. Les femmes ont aujourd’hui, dans la société, toute la part d’influence qui leur appartient, toute la somme d’activité compatible avec leur sexe. Celles qui demandent davantage, qui aspirent aux fonctions publiques, aux carrières libérales, se trompent de chemin et méconnaissent leurs véritables intérêts.
L’empire de la femme est dans la famille. C’est là qu’elle est reine et que l’homme ne peut pas la remplacer. Aujourd’hui comme au temps de Molière
Former aux bonnes mœurs l’esprit de ses enfans.
Faire aller son ménage, avoir l’œil sur ses gens,
Et régler sa dépense avec économie,
Doit être son étude et sa philosophie.
C’est l’objectif principal que doit avoir l’éducation de la jeune fille,
mais ce n’est pas le seul. Il ne suffit pas pour une mère de former l’esprit de ses enfans aux bonnes mœurs, il faut qu’elle soit
capable de surveiller leur instruction, sans avoir à rougir d’une
infériorité qu’ils reconnaîtraient bien vite. De plus, et c’est là une
condition toute moderne, la femme doit être la compagne intellectuelle de son mari, son appui, sa consolation dans les épreuves de
la vie ; elle doit lui faire aimer son intérieur, et, pour qu’elle puisse
s’associer à ses préoccupations, partager ses sentimens, ses goûts,
et même ses enthousiasmes, il faut d’abord qu’elle soit à même de
les comprendre. Enfin la femme a droit à sa part de vie extérieure ;
elle ne remplirait pas complètement son mandat en se confinant
dans son ménage. C’est à elle qu’il appartient d’entretenir les relations de société ; elle y maintient la distinction des manières et la
réserve du langage dont les hommes s’affranchissent trop facilement
quand ils sont entre eux. Toutefois, les relations extérieures, les
visites, les soirées, la vie du monde, en un mot, ne sont que des
accessoires dans l’existence d’une femme bien é:juilibrée. Ce sont
des distractions qui lui font apprécier davantage le charme de son
intérieur, mais qui ne doivent jamais l’en détourner.
Cette façon de comprendre la mission de la femme dans la société peut sembler bien étroite et bien terre-à-terre à celles qu’affole