chaleurs d’août passées, le gouverneur donna-t-il au général Changarnier l’ordre de parcourir la région du moyen Chélif. A la tête d’une colonne de 2,000 hommes, le général se montra d’abord sur la rive droite, chez les Braz, puis chez les Beni-Rached insoumis, qui furent malmenés.
Le 18 septembre, il était au bivouac, à l’embouchure de l’Oued-Fodda, quand l’agha des Ayad, Ameur-ben-Ferhat, se présenta devant lui, les traits altérés, la voix émue ; sa tribu allait être atteinte par Ben-Allal. « Viens, disait-il, viens à notre secours, toi en qui nous avons mis notre confiance, et je reparaîtrai dans mon pays en me glorifiant de te servir. Si tu m’abandonnes, je n’ai plus qu’à aller chercher furtivement ma famille et à l’abriter sous les murs de Miliana. Les Ayad retourneront alors chez eux, mais pour te maudire et redevenir tes ennemis. » Devant cet appel émouvant, Changarnier n’hésita pas. Toutes les informations qu’il avait recueillies s’accordaient à lui présenter la vallée de l’Oued-Fodda comme parfaitement praticable et les populations des deux rives comme ralliées ou tout au moins neutres.
Le 19, au point du jour, il se mit en chemin avec 1,200 hommes d’infanterie, 200 chasseurs d’Afrique, 3 pièces de montagne et 500 cavaliers des Djendel. A la grande halte, vers dix heures, des Kabyles commencèrent à se montrer sur les hauteurs environnantes; quand la marche fut reprise, des coups de fusil éclatèrent, de plus en plus nombreux à mesure que les flancs de la vallée se resserraient davantage. Bientôt ce ne fut plus qu’un défilé entre deux murailles de roc, coupées d’anfractuosités faites à souhait pour l’embuscade. Heureusement, les troupes étaient d’une solidité à toute épreuve ; il y avait là un petit bataillon de zouaves, le colonel Cavaignac en tête, le 6e bataillon de chasseurs à pied du commandant Forey, un bataillon du 26e de ligne. Toutes les fois que le terrain s’y prêtait, on allait à l’attaque ; dans les passages difficiles, on pressait le pas, mais en bon ordre, l’arrière-garde toujours prête aux retours offensifs. Il y en eut six, le dernier décisif, les chasseurs d’Afrique ayant trouvé enfin une bonne occasion de charger. Vers trois heures, la fusillade commença à devenir moins vive; à cinq heures, la colonne prit son bivouac. Elle avait eu 22 tués et 109 blessés, 15 officiers atteints, dont 5 étaient morts.
La journée du lendemain, beaucoup moins difficile et sanglante, n’y ajouta que 3 tués et 10 blessés. Après deux heures de marche, dans une vallée de plus en plus large, la colonne n’avait plus trouvé de résistance. Sept ou huit tribus s’étaient réunies pour lui fermer le passage qu’elle venait de forcer glorieusement ; on sut plus tard