Page:Revue des Deux Mondes - 1888 - tome 85.djvu/405

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

5 lieues des ruines de Takdemt, suffit non-seulement à rassurer les populations inquiètes, mais encore à réduire à l’obéissance les Khallafa, une de ces malheureuses tribus qui revenaient du fond des steppes, dépouillées de tout, mourant de faim, après s’être laissé entraîner dans la mauvaise fortune de la smala.

Cette dernière sortie n’avait donc été qu’un bivouac soutenu ; mais à peine la colonne était-elle rentrée à Mascara, le 18 novembre, qu’elle fut rappelée au dehors, quatre jours après, le 22, parce qu’Abd-el-Kader venait de reparaître chez les Flitta, parmi lesquels il faisait des recrues afin de renforcer la smala, le quartier-général ambulant de son autorité chancelante. Mise à la poursuite de l’émigration, la cavalerie l’atteignit sur la haute Mina, près de Sidi-Djelali-ben-Amar. Après une première escarmouche, le 7 décembre, il y eut, le lendemain, un combat sérieux à Koumiet. Lancés par le lieutenant-colonel Sentuary, les chasseurs du capitaine De Forton d’un côté, les spahis du capitaine Cassaignoles de l’autre, menèrent vigoureusement la charge. Le résultat fut la soumission d’une partie des émigrans.

De la vallée de la Mina, La Moricière, continuant de marcher à l’est, passa dans celle de l’Oued-Riou, chez les Keraïch. Le 18 décembre, à la suite d’une affaire dans laquelle le colonel de La Torré et le commandant de Martimprey furent blessés, ce qui restait des bandes qu’on poursuivait se dispersa ; les uns se jetèrent par petits groupes dans les montagnes ; les autres demandèrent l’aman et se laissèrent ramener sur leurs territoires.

En vérité, la division de Mascara méritait d’être citée comme un modèle. Du 1er  décembre 1841 au 30 décembre 1842, sur trois cent quatre-vingt-quinze jours, elle en avait passé trois cent dix, en toute saison, par tous les temps, en campagne.


VI.

Après les soumissions nombreuses qui avaient couronné comme un triomphe, au sud de la Mélidja et dans le Titteri, l’expédition du Chélif, le général Bugeaud avait donné une organisation administrative aux tribus ralliées. Le Titteri était divisé en huit aghaliks : de l’est, du sud, du sud-ouest, des Hadjoutes, des Braz, des Beni-Zoug-Zoug, des Djendel et des Ayad. Un grand chef, choisi parmi la plus haute noblesse arabe, commandait, sous le contrôle des officiers français, chacun de ces aghaliks.

Les deux derniers, toujours menacés par Ben-Allal-ben-Sidi-Mbarek, n’étaient pas dans un état de sécurité parfaite. Aussi, les