Page:Revue des Deux Mondes - 1888 - tome 85.djvu/215

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES BERGERS.


Viens. Le sentier s’enfonce au vallon de Cyllène.
Voici l’antre et la source, et c’est là qu’il se plaît
À dormir sur un lit d’herbe et de serpolet
À l’ombre du grand pin où chante son haleine.

Attache à ce vieux tronc moussu la brebis pleine.
Sais-tu qu’avant un mois, avec son agnelet,
Elle lui donnera des fromages, du lait ?
Les Nymphes fileront un manteau de sa laine.

Sois-nous propice, Pan, ô chèvre-pied, gardien
Des troupeaux que nourrit le mont Arcadien,
Je t’invoque… Il entend ! j’ai vu tressaillir l’arbre !

Partons. Le soleil plonge au couchant radieux.
Le don du pauvre, ami, vaut un autel de marbre
Si d’un cœur simple et pur l’offrande est faite aux Dieux.


ÉPIGRAMME VOTIVE.


Au rude Arès ! A la belliqueuse Discorde !
Aide-moi, — je suis vieux, — à suspendre au pilier
Mes glaives ébréchés et mon lourd bouclier
Et ce casque rompu qu’un crin sanglant déborde.

Joins-y cet arc. Mais, dis, convient-il que je torde
Le chanvre autour du bois, — c’est un dur néflier
Que nul autre jamais n’a su faire plier, —
Ou que d’un bras tremblant je tende encor la corde ?