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REVUE DRAMATIQUE




Comédie-Française : la Souris, comédie en 3 actes, de M. Edouard Pailleron ; la Nuit de juin, pièce en 1 acte, mêlée de prose et de vers, de M. Maurice Lecorbeiller. — Porte-Saint-Martin : la Tosca, drame en 5 actes et 6 tableaux, de M. Victorien Sardou. — Odéon : Beaucoup de bruit pour rien, comédie en 5 actes et 8 tableaux, en vers, de M. Louis Legendre, d’après Shakspeare. — Ambigu : Mathias Sandorf, pièce à grand spectacle, en 5 actes et 16 tableaux, tirée du roman de M. Jules Verne, par MM. William Busnach et George Maurens.


Dans la Souris, M. Pailleron s’est mis en frais de sensibilité comme dans l’Étincelle, M. Pailleron a dépensé, prodigué l’esprit comme dans le Monde où l’on s’ennuie. Aussi bien ni la sensibilité ne manquait dans cette dernière pièce, ni l’esprit dans la précédente ; et ces deux ressources réunies étaient déjà celles de l’Age ingrat. Pourquoi donc, après des ouvrages si heureux, celui que voilà est-il accueilli avec une faveur plus tiède ?

Oui, sans doute, il y avait dans l’Étincelle une manière de pathétique : à telles enseignes que beaucoup de personnes y sentaient palpiter un je ne sais quoi de Musset. Dans le Monde où l’on s’ennuie, cette revue de ridicules, toute l’intrigue n’était que l’histoire des fiançailles de Roger et de Suzanne ; et cette histoire, exquise en un point, a paru tout entière agréable[1]. Mme  de Sauves et son mari, dans l’Age ingrat, étaient l’héroïne et le héros d’une sorte de roman où le cœur déduisait discrètement ses raisons ; et cette partie de la pièce, quand ils voulaient louer complètement l’auteur, n’était pas négligée des gens attentifs[2]. — Mais, dans la nouvelle comédie, c’est aussi le jeu de l’amour qui se joue entre ces trois personnages : une jeune femme,

  1. Voir la Revue du 1er  mai 1881.
  2. Voir la Revue du 15 novembre 1885.