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alléger le fardeau, ne se partage pas. « Le conseil d’amirauté entendu, » des décisions de la plus grave importance furent prises dans l’espace de quelques années. Préfectures maritimes, équipages de ligne, vaisseau-école pour l’instruction des aspirans, ordonnance du 27 octobre 1827 sur le service à la mer, sortirent presque à la fois des élucubrations qui aspiraient à reprendre en sous-œuvre la vieille maison édifiée par Colbert. On a beaucoup pâli, même en des temps récens, sur l’organisation du service des arsenaux. Je n’y attache, pour ma part, qu’un très médiocre intérêt. Les mesures réellement fécondes, mesures que l’on doit à deux règnes différens, sont, à mon sens : l’institution des écoles de spécialités et la constitution encore solide et vivace de la maistrance navale. Le contre-amiral Roussin, — c’était la plus haute marque d’estime et de confiance que le gouvernement de la restauration pût lui donner, — fut appelé, dès la création du conseil d’amirauté, à en faire partie. Si l’organisation qui nous régit encore a quelque valeur, le contre-amiral Roussin serait assurément en droit de revendiquer l’honneur d’avoir, plus que tout autre, contribué à la fonder. Je ne regretterai cependant pas pour sa gloire que ces fonctions administratives ne se soient pas prolongées outre mesure. L’amiral, dans mon humble opinion, avait un meilleur emploi à faire des rares qualités que onze années de service actif achevèrent, de 1817 à 1828, de mûrir.

En 1827, la capture de sept bâtimens français arrêtés, à l’embouchure de la Plata, par les forces brésiliennes, en vertu de doctrines que la France n’a jamais admises, fit naître entre l’empereur don Pedro Ier et le gouvernement français un conflit sérieux. Pendant des mois entiers, la diplomatie s’efforça en vain d’aplanir le différend. Il fallut se résoudre à une démonstration armée. Le contre-amiral Roussin fut placé à la tête d’une division navale composée du vaisseau le Jean-Bart, des frégates la Terpsichore, la Nymphe, l’Aréthuse, la Magicienne, des corvettes l’Isis et la Railleuse, des bricks-avisos l’Iris et le Cygne. L’amiral arbora son pavillon sur le Jean-Bart le 25 avril 1828. Au mois de mai, il quittait le port de Brest. La route du Brésil lui était familière. On ne savait pourtant pas encore que, pour couper la ligne, en d’autres termes, pour sortir du fameux et lugubre « pot au noir, » il vaut mieux ne pas se laisser intimider par l’exemple de Cabrai, qui découvrit le Brésil malgré lui. S’opiniâtrer, dans la crainte des courans équatoriaux, à suivre le long de la côte d’Afrique « la route des Portugais, » est une mauvaise tactique. En s’abandonnant, au contraire, aux vents variables qui règnent sous l’Equateur, en pro-