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la spéculation engagée à la hausse sur nos fonds publics pendant le mois de septembre de déterminer, dans les deux derniers jours de ce mois, un mouvement décisif dont le résultat a été une amélioration moyenne d’une demi-unité sur les trois fonds. La rente perpétuelle s’est établie en liquidation à 82.10; l’amortissable à 85 fr.; le 4 1/2 à 109.25.

Il avait été vendu, dans la seconde quinzaine de septembre, un grand nombre de primes à faible écart. Ce sont les rachats forcés sur ces ventes de primes qui ont constitué le premier élément de hausse. Mais la spéculation a considéré que l’occasion était favorable pour entamer une campagne analogue à celle qui avait si bien réussi l’année dernière à pareille époque, et qui n’a été plus tard interrompue que par la crainte d’un conflit entre l’Allemagne et la France, à propos de l’incident de Pagny-sur-Moselle.

Le marché paraissait bien disposé pour le renouvellement de cette tentative. Les capitaux sont très abondans, en dépit de la gêne monétaire à Londres, il y avait beaucoup plus d’animation que par le passé dans les transactions; l’épargne semblait prête à revenir, partiellement au moins, aux valeurs à revenu variable. Toute la cote s’est ressentie de ce revirement heureux dans les tendances de la place; pendant quelques jours, la Bourse a présenté le spectacle d’une activité dont le souvenir était déjà presque perdu depuis tant de longs mois passés dans une inaction persistante.

Ce qui donnait surtout confiance dans l’allure nouvelle du marché, et faisait espérer que le mouvement prendrait un caractère sérieux et durable, était l’assurance que les grandes maisons de banque et les principaux établissemens de crédit, loin d’y rester étrangers, y prenaient une part active et semblaient enclins à en assumer bientôt la direction exclusive. On parlait d’importantes affaires en préparation que les banques devaient prochainement présenter au public, et pour lesquelles une hausse conduite avec prudence, mais aussi avec décision, était jugée indispensable.

Nous ne savons si ces espérances sont destinées à se réaliser. Les conditions favorables dans lesquelles s’était ouvert le mois d’octobre ne se sont point sensiblement modifiées. Le malaise monétaire s’est atténué à Londres; on n’en est pas encore à fixer le jour où la Banque d’Angleterre devra diminuer le taux de l’escompte, mais on est fondé à croire qu’elle ne sera pas obligée de décréter une nouvelle élévation. Les impressions politiques ne sont ni meilleures ni pires qu’il y a quinze jours. Force est cependant de reconnaître que déjà l’on craint de s’être bercé d’une simple illusion. Le marché des fonds publics, après quelques séances où la hausse s’est produite assez péniblement, a été pris de lassitude. Les cours se sont arrêtés, les réalisations n’ont pas tardé à paraître, la réaction a commencé à se dessiner en même