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Maaka lui donna Absalom. Haggit lui donna Adoniah. Abital lui donna Sefatiah. Egla lui donna Itream.

David n’avait plus de rival. De la famille de Saül, il ne restait qu’un enfant infirme, Meribaal, fils de Jonathas. Il avait cinq ans lorsque arriva la nouvelle relative à la mort de Saül et de Jonathas; l’esclave à qui il était confié s’enfuit avec tant de hâte qu’elle le laissa tomber, ce qui le rendit boiteux des deux pieds. C’était là pour David un compétiteur peu à redouter.


V.

Hébron était une ville hittite, centre d’une ancienne civilisation, dont la tribu de Juda avait, à quelques égards, hérité. C’était incontestablement la capitale de Juda, une ville d’un haut caractère religieux, pleine de souvenirs et de traditions. Elle avait de grands travaux publics, de belles eaux, une piscine vaste et bien entretenue. L’unification d’Israël venait de s’y faire. Il était tout à fait naturel qu’Hébron devînt la capitale du nouveau royaume. Sa latitude la plaçait, il est vrai, à une distance bien considérable des tribus du nord; mais la situation excentrique n’a pas coutume, en pareil cas, d’être une grande difficulté. Paris n’est pas au milieu de la France, ni Berlin au milieu de l’Allemagne unifiée.

Il n’est pas facile de dire ce qui détermina David à quitter une ville qui avait des droits si mimiques et si évidens pour une bicoque comme Jébus, qui ne lui appartenait pas encore. Il est probable qu’il trouva Hébron trop exclusivement judaïte. Il s’agissait de ne pas choquer la susceptibilité des diverses tribus, surtout de Benjamin. Il fallait une ville neutre qui n’eût pas de passé. C’est là sans doute ce qui empêcha David de songer pour capitale à sa patrie, Bethléhem. La colline occupée par les Jébuséens était juste sur la limite de Juda et de Benjamin, et elle était fort rapprochée de Bethléhem.

La position était très avantageuse. Une petite source, dans l’intérieur des murs, permettait de supporter un siège. Certes, une grande capitale aurait été gênée dans un tel site ; mais de très grandes villes n’étaient ni dans le goût ni dans l’aptitude de ces peuples. Ce qu’ils voulaient, c’étaient des citadelles, où la défense fût facile. Le Ierousalaïm des Jébuséens se présentait dans ces conditions. Les Jébuséens prétendaient que leur ville était imprenable. Ils disaient à David : « Tu n’entreras jamais ici. Les aveugles et les boiteux suffiraient à te repousser. » On prit dès lors, par plaisanterie, l’habitude d’appeler la population jébuséenne « les