Quelle idée George Sand se faisait-elle du roman quand elle entreprit d’écrire pour le public? Même en faisant aussi large que l’on voudra la part de la spontanéité, peut-on croire que cette intelligence, si richement douée et si féconde, ait marché tout à fait au hasard, dans les voies qui se sont offertes à elle, avec l’indifférence banale d’un talent qui ne vise qu’au succès, ou bien s’est-elle développée, selon la règle inaperçue, mais active, d’instincts énergiques et permanens ? Elle va répondre pour nous :
« Je n’avais pas la moindre théorie quand je commençai à écrire, et je ne crois pas en avoir jamais eu quand une envie de roman m’a mis la plume en main. Cela n’empêche pas que mes instincts ne m’aient fait, à mon insu, la théorie que je vais établir, que j’ai généralement suivie sans m’en rendre compte, et qui, à l’heure où j’écris, est encore en discussion. Selon cette théorie, le roman serait
- ↑ Avant de mourir, M. Caro avait eu le temps de mettre la dernière main, pour la collection des Grands Écrivains français, que publie la librairie Hachette, à une biographie de George Sand, qui doit prochainement paraître. C’est un fragment de cette étude que nous sommes heureux, grâce à l’obligeance de Mme Caro, de pouvoir communiquer à nos lecteurs, et nous ne doutons pas qu’ils n’y trouvent avec nous de quoi renouveler leurs regrets d’une perte dont les lettres ne se consoleront pas aisément.