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céréales. L’importation est au contraire inférieure, et la demande de produits étrangers porte de plus en plus sur les matières nécessaires aux manufactures nationales. Si, enfin, l’on tient compte de l’excellence de la récolte de cette année, on trouve dans cet ensemble de données économiques la justification de l’espérance, conçue par les amis du crédit de la Russie, que l’on touche au terme de la crise qui a sévi depuis quelques années.

La Banque d’Angleterre n’a pas été obligée d’élever de nouveau le taux de son escompte, comme on l’avait appréhendé au commencement de la dernière semaine. Comme la Banque de France avait haussé le taux de la prime sur l’or qu’elle livre aux exportateurs, on supposait que le stock d’or de la Banque d’Angleterre allait être de nouveau attaqué pour les expéditions à destination de New-York. Il n’en a rien été ; au contraire, il est rentré à la Banque une faible quantité d’espèces. Cependant la situation ne se modifie pas sensiblement. Les avis de Londres signalent sur le marché libre des achats d’or assez suivis pour absorber tous les arrivages. On aurait tort pour l’instant de compter, pour un allégement sérieux des appréhensions du marché, sur les achats d’obligations fédérales par le secrétaire du trésor à Washington. Ces achats hebdomadaires n’ont pas atteint, jusqu’à présent, un montant bien élevé. Ils ont été à peu près insignifians pendant cette dernière quinzaine, ne portant que sur un total de 300,000 dollars. Le trésor américain ne veut pas, jusqu’à nouvel ordre, rien acheter avec une prime supérieure à 9 pour 100 du prix nominal.

La politique est toujours en chômage en ce qui concerne nos affaires intérieures. On a suivi avec le plus vif intérêt l’expérience de mobilisation qui s’accomplit dans la région du Sud-Ouest sur le 17e corps d’armée ; mais, depuis longtemps déjà, l’annonce de cet essai avait cessé de causer la moindre préoccupation concernant nos relations avec les puissances étrangères.

La publication des tableaux présentant les résultats du rendement des impôts pendant le mois d’août ne pouvait produire aucune impression bien accentuée. Ces résultats accusent une situation que l’on ne saurait qualifier ni d’excellente, ni cependant de réellement mauvaise. Il y a une moins-value de 2,250,000 francs sur les évaluations budgétaires, mais cette moins-value disparaîtrait pour faire place à une plus-value de près de 3 millions, si l’on pouvait faire abstraction du mécompte du rendement des sucres.

Le marché des obligations de chemins de fer conserve une fermeté qui est d’un excellent augure au point de vue de l’étendue des disponibilités existantes et de la rapidité de formation de l’épargne. Il y a peu de temps encore, les obligations d’une seule de nos grandes compagnies de chemins de fer, celle du Nord, se cotait au-dessus de 400 fr. Mais les titres similaires de deux autres compagnies ont, à leur