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en une campagne de hausse entamée simultanément à Berlin, à Vienne et à Paris.

A Vienne, on a pu constater, il y a quelques jours, une certaine émotion qui s’est traduite, sur les principales valeurs, par des variations anormales de cours, et ces mouvemens auraient eu sans doute plus d’importance si les affaires n’étaient actuellement contenues dans des limites si restreintes. La Bourse s’était émue des doutes brusquement soulevés à propos de la nature des relations entre l’Allemagne et la Russie. Le prince de Bismarck avait-il vaincu la résistance obstinée du tsar, et rétabli entre les deux empires l’amitié sur laquelle il faisait naguère reposer la plus sûre garantie du maintien de la paix ? Les uns l’affirmaient, d’autres le contestaient avec non moins d’apparence de raison. La nouvelle de l’envoi du général russe Ernroth en Bulgarie avec des pouvoirs dictatoriaux, celle de l’entrevue des deux empereurs russe et allemand à Stettin, ont tour à tour inquiété et rassuré les spéculateurs. Finalement, la situation est toujours la même, et la question bulgare reste enveloppée de nuages aussi épais.

A Berlin, les fonds russes ont consolidé pendant cette quinzaine la reprise effectuée sur les cours de baisse d’il y a un mois. La spéculation allemande, qui s’était associée à la mauvaise campagne de la presse officieuse contre le crédit moscovite, a vite reconnu qu’elle faisait fausse route. Elle s’est retournée résolument, et aujourd’hui le marché des rentes russes de toutes les catégories est aussi calme et ferme qu’il a jamais été. Le retour aux cours les plus élevés n’est plus qu’une question de quelques liquidations. Aussi bien la situation financière de la Russie est en voie d’amélioration constante, ce qui ne peut qu’encourager le revirement favorable dont profite actuellement le crédit de cet empire.

Pendant les cinq premiers mois de 1887, les recettes du trésor public russe présentent une augmentation de 24,151,610 roubles, tandis que les dépenses pour la même période accusent une diminution de 4,663,695 roubles. Le total de la recette brute du réseau des chemins de fer a monté de 81,516,000 roubles à 92,786,000, bien qu’il n’ait été livré à l’exploitation, en 1886, que 220 verstes. Le réseau a transporté 164 millions de pouds de marchandises et 592,000 voyageurs de plus que pendant la même période de l’année dernière, indice manifeste de l’amélioration de la situation commerciale ; l’augmentation est de 18 pour 100 pour les marchandises et de 5 pour 100 pour les voyageurs. Il n’y a eu de moins-value que pour huit lignes, sur les cinquante-deux constituant l’ensemble du réseau. Le commerce d’exportation a pris un essor remarquable. La valeur totale des marchandises exportées a dépassé, toujours dans les cinq premiers mois de 1887, de 61 millions de roubles, soit de près de 5 pour 100, celle de la même période de 1886. L’accroissement porte notamment sur les