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possible dans un boyau récemment percé, de creuser à la hâte un trou de mine, de laisser bien dissiper l’élévation de température provoquée par le travail du fleuret. Ensuite, on enfouit rapidement le thermomètre et on le consulte au bout de quelques heures ; les résultats ainsi obtenus sont dignes de confiance. Le problème est plus simple si l’on examine les puits artésiens ; on a construit des thermomètres à déversement qui répondent fort bien au but proposé et fournissent la température demandée, quelque profond que soit le puits.

S’agit-il maintenant de formuler ce qui a été reconnu ? Tantôt on exprime qu’à un niveau de tant de mètres l’appareil marque tant de degrés. D’autres fois on indique le degré géothermique, c’est-à-dire la profondeur traduite en mètres dont il faut s’abaisser verticalement dans les entrailles de la terre pour que le thermomètre progresse de 1 degré.

Les mesures d’une irréprochable précision ne manquent pas ; elles sont même très nombreuses : nous n’avons que l’embarras du choix. Tout d’abord, à Paris, l’eau du puits de Grenelle, qui vient de 548 mètres de profondeur, marque 27°,07, ce qui conduit à un degré géothermique local de 32 mètres, suivant Arago, Dulonget Walferdin. En Brandebourg, Dunker a réussi à pousser jusqu’à 1,269 mètres le sondage de Sperenberg ; l’instrument a fini par accuser 48° à cette énorme profondeur, d’où résulterait un degré géothermique moyen de 32m, 5, sensiblement égal à celui de Paris. Un immense forage fut entrepris, il y a cinquante ans, à Yakoutsk (Sibérie), dans l’espoir de rencontrer de l’eau qui fût liquide toute l’année ; les travaux conduisirent jusqu’à 115 mètres, sans qu’on pût trouver un sol qui ne fût pas gelé. Arago, qui a rendu compte de cette entreprise, observe que l’on était très près d’atteindre le but souhaité, puisque l’échelle thermométrique signalait alors — 0°, 6, mais il ne dit pas si les ingénieurs russes se lassèrent ou persistèrent dans leur dessein. Un peu plus d’un demi-degré au-dessous de zéro constitue sans doute une « chaleur » très relative, mais n’oublions pas que dans certaines provinces de la Sibérie la moyenne annuelle de l’atmosphère est — 10° ; ce relèvement correspond donc à un degré géothermique resserré. Si pour ce dernier élément, Henwood a trouvé dans les mines de Cornouailles une faible valeur de 19 mètres, le même observateur a noté à Minas-Geraes (Brésil) un nombre considérable : 86 mètres. Il est possible de recueillir des divergences encore plus choquantes si on se borne à un territoire limité, comme la région minière de la Saxe, où les expériences se comptent par centaines. Dans tel puits, il faut descendre sept fois plus que dans tel autre pour réussir à faire monter le mercure d’une division à la