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pesant quelconque, une pierre par exemple : le mobile se précipitera jusqu’au centre avec une vitesse progressivement accélérée ; mais, en vertu de l’inertie, il dépassera ce but, et sa marche, de plus en plus ralentie, ne prendra fin qu’à l’orifice opposé ; après quoi il retombera vers l’intérieur, franchira de nouveau le diamètre terrestre, reviendra à Paris, d’où il repartira de nouveau, et ainsi de suite jusqu’à la consommation des siècles. Si l’on fait intervenir la résistance de l’air, on trouve que ce mouvement oscillatoire doit s’amortir par degrés, et finalement notre pierre atteindra le terme de son voyage au bout d’un temps extrêmement long ; après quoi elle flotterait le long des parois sans avoir besoin de soutien et sans remonter à la surface, à moins qu’une force étrangère n’intervint. La légende du tombeau du Prophète, nageant au sein de l’air, deviendrait une réalité.


II

La densité de l’ensemble du globe terrestre est un élément de la plus haute importance, qu’il est essentiel de connaître avec exactitude. Les calculs de la mécanique céleste nous fournissent les masses, non-seulement du soleil, mais encore de toutes les planètes accompagnées de satellites, comme Mars, Jupiter et Neptune, rapportées à la masse de la terre prise pour unité. Ainsi, par exemple, on a pu estimer que le soleil pèse trois cent cinquante mille fois plus que la terre. Si l’astre n’est pas pourvu de satellites, ce qui est le cas de Mercure, de Vénus, des astéroïdes, s’il s’agit des lunes elles-mêmes ou des comètes, le problème ne saurait être abordé directement ; il faut alors user de voies détournées et souvent se contenter d’approximations un peu grossières. Enfin, dans plusieurs circonstances, on se heurte à une impossibilité absolue. Mais les chiffres trouvés, qu’ils soient exacts ou seulement voisins de la vérité, n’exprimeraient que des rapports abstraits si l’on ne pouvait traduire en tonnes ou en millions de tonnes le poids de notre planète elle-même ; au contraire, celle-ci étant pesée, les autres corps célestes le sont par cela même. Comme les astres depuis longtemps ont été jaugés grâce aux mesures micrométriques, et qu’au moyen de triangulations géodésiques les dimensions et le volume du domaine de l’homme sont faciles à déterminer, il s’ensuit que de la connaissance des poids, on déduira sans peine les densités, non-seulement de la terre, mais de la plupart des constituans du monde solaire.

Une fois que la réponse à la question concernant la densité de la terre aura été obtenue, elle nous fournira peut-être des indications précieuses