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REVUE DRAMATIQUE

LA CONDITION DES COMEDIENS

I.
DEPUIS LES ORIGINES JUSQU’AU XVIIIe SIÈCLE.


Les Comédiens hors la loi, par Gaston Maugras, 1 vol. in-8o ; Calmann Lévy, éditeur.


Au pays du décor, où les commérages ne manquent pas, quinze jours, mieux que partout ailleurs,

Font d’une mort récente une vieille nouvelle ;


et si, dans la huitaine, cette mort a été suivie d’une résurrection, la vieille nouvelle, en soi, n’offre guère d’intérêt. Or il y a un mois et peut-être plus, — je n’ai pas noté la date de l’événement, — qu’un jeune comédien, égaré par un ressentiment d’amour-propre, ayant tiré la barbe d’un sénateur de la critique, celui-ci l’assomma d’un coup de sa trique d’ivoire ; le cadavre s’étant mis à genoux pour demander gentiment pardon, le justicier, qui est tout-puissant, le toucha de ce même sceptre et le ranima ; il l’embrassa, même, sans l’étouffer. Ainsi l’anecdote fait honneur à l’énergie et à la délicatesse de M. Sarcey : fortiter et suaviter