Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 82.djvu/845

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des hôpitaux ou pour les agrégations des lycées, qui ne procurent aux candidats heureux que des situations extrêmement médiocres, peut-on douter des compétitions que susciterait, parmi les hommes laborieux et instruits, une place de 3,500 francs donnant l’entrée d’une carrière régulière, avec la certitude d’augmentations successives et l’espérance de promotions ultérieures ? Si l’état ne prenait à son service que des hommes de trente ans, préparés à leur emploi par des études spéciales et éprouvés par un concours ; qu’il entourât leur carrière de garanties protectrices, qu’il leur permit de se retirer à soixante ans, mais ne pût les contraindre à la retraite avant soixante-cinq ans et même avant soixante-dix pour les postes élevés, il aurait pour fonctionnaires l’élite de la nation. Il pourrait en réduire le nombre, parce qu’il serait en droit de demander à tous, outre beaucoup de savoir, beaucoup d’assiduité et beaucoup de travail. Il est vrai que la politique et la faveur auraient peu de part au recrutement et à l’avancement des fonctionnaires, ce qui enlève aux idées qui précèdent toute chance d’être appliquées en France ; et, pour les avoir émises, l’auteur de cette étude sera rangé parmi les esprits chimériques.


CUCHEVAL-CLARIGNY.