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toyens sont revêtus de lierre ; il me semble que l’on a essayé de masquer et même de détruire l’aspect morose qui attriste la plupart des établissemens hospitaliers, surtout lorsqu’ils sont de création récente et que les plantations forestières y sont encore à l’état de baliveaux. Je me figure que, vers 1850, ce terrain contenait de vieux arbres que l’on a conservés pour le plus grand bien des malades. Un préau, — celui, je crois, qui est réservé aux femmes, — contigu à la maisonnette de Mlle Clairon, est orné d’une allée un peu courte, mais très large, bordée de marronniers de toute beauté. Je les ai admirés ; ils versent l’ombre autour d’eux ; ils forment une salle de verdure fraîche, arrêtant les rayons du soleil, propice au repos, conviant à la santé, qui doit être un lieu de prédilection pour les convalescens. Je me figure que, dans les jours de tiède température, la pauvre petite névropathe, dont les sanglots m’ont remué le cœur, aime venir y pleurer, et qu’elle prend les arbres à témoin de ses douleurs qui, pour être imaginaires, n’en sont pas moins réelles, puisqu’elles la font souffrir.

III. — LE REPOS ÉTERNEL.

Il est dit au sixième chapitre des Proverbes : « La fortune du riche, c’est sa ville fortifiée ; ce qui consterne les pauvres, c’est leur dénûment. » Il me semble que la ville fortifiée a incliné ses ponts-levis pour faire place au pauvre et soulager son dénûment. Malgré toutes les infortunes qui ont été, sont et seront secourues dans les trois établissemens où j’ai conduit le lecteur, il en est bien d’autres encore, poignantes et vivaces, que la maison de retraite, l’hôpital, l’hospice des incurables ne peuvent recueillir. Elles retombent à la charge du comité de bienfaisance Israélite, où ce devoir de charité n’est jamais répudié. L’organisation de ce comité est aussi complète que possible et forme, au milieu de la communauté, une administration à part, assez semblable, proportions gardées, à l’assistance publique, qui, tout en relevant de la préfecture de la Seine, possède sa fortune particulière et agit sous sa propre responsabilité. Indépendamment des donations, des legs, des souscriptions, des offrandes déposées dans la bourse des quêteuses, la caisse de bienfaisance est alimentée par une loterie annuelle dont le produit reste invariablement fixé entre 80 et 90,000 francs nets, sans frais d’achat, car les lots sont gratuitement fournis. Depuis le 26 janvier 1887, le comité de bienfaisance Israélite est reconnu établissement d’utilité publique. Ce titre est justifié par les services rendus, qu’il suffira d’énumérer pour en démontrer l’importance : — secours réguliers et mensuels aux indigens inscrits ; — secours