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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 juillet.

La session des chambres françaises est décidément close pour quelques mois. Elle a fini comme elle avait commencé, par des agitations, des incidens bruyans et des discours. Elle a été certes plus tourmentée que féconde, puisqu’elle ne laisse au pays aucune œuvre sérieuse et utile, puisqu’elle n’a produit que quelques lois ou quelques ébauches de lois qui avaient l’intention d’être des réformes et ne sont que des conceptions équivoques ou malfaisantes de l’esprit de parti. Telle qu’elle est cependant, cette session inféconde, elle a été marquée, quelques semaines avant de finir, par un événement qui a pris aussitôt une importance et une signification inattendues. Elle a vu naître un ministère qui, en vérité, n’était pas moins républicain que d’autres, mais à qui il a suffi de prendre une certaine attitude, de prononcer certaines paroles, d’avouer une pensée d’équité conciliatrice, pour se faire une originalité et créer une situation toute nouvelle, pour provoquer un sentiment d’intime satisfaction dans le pays et une explosion de violences au camp radical. C’est là le fait caractéristique aujourd’hui, à ce moment où nous entrons dans les vacances nouvelles au bruit des derniers incidens parlementaires, des plus récentes manifestations radicales et des discours que les représentans du gouvernement ou les chefs de parti prononcent un peu partout. Les radicaux ont certes fait jusqu’au bout ce qu’ils ont pu et font encore tout ce qu’ils peuvent pour prolonger l’agitation et la guerre contre un gouvernement qui a été pour eux une déception. Les ministres, un peu surpris peut-être, ont tenu bon d’abord et s’efforcent de préciser la politique qu’ils représentent dans une situation où ils se sont trouvés jetés à l’improviste. C’est une lutte qui se dessine de plus en plus à