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Production universelle de l’or depuis 1851 jusqu’en 1886 inclusivement :


Francs
États-Unis, Californie et Nouveau-Mexique 7,883,966,700
Australie britannique 8,207,915,375
Empire russe 3,859,974,275
Autres régions 1,723,750,000
Ensemble[1]. 21,675,605,350


Cet énorme total donne, pour la période, une moyenne de 610 millions par année, et il y a encore, au-delà de ce chiffre, une production importante qui échappe au contrôle, celle de l’extrême Orient. Il est avéré que des « champs d’or, » d’une large étendue et d’une grande richesse, existent sur les hauteurs glacées et difficilement habitables du Tibet. On y comptait néanmoins, il y a quelques années, environ 600 tentes pour abriter les travailleurs, et l’exploitation n’était pas sans importance, puisqu’on y entretenait en permanence un fonctionnaire chargé de recevoir, au profit du gouvernement, une redevance des deux cinquièmes des produits. En 1884, on signalait des gisemens aurifères dans une région où le fleuve Amour sépare une colonie russe du territoire chinois. Les aventuriers, les bandits de toute la contrée accoururent, comme il arrive d’ordinaire, et, dès l’année suivante, une population improvisée de quinze à vingt mille chercheurs d’or remuait le terrain sur une étendue de 40 kilomètres. Cette population de mauvais aloi s’est organisée, à la façon russe, au moyen de petites associations, et elle se contient elle-même en s’imposant une discipline très sévère. Les résultats ne sont pas à dédaigner, puisque une action diplomatique est intervenue à cet effet entre les gouvernemens russe et chinois. Les aubaines de cette nature ne sont pas rares dans les déserts chinois qui avoisinent la Sibérie, et il est probable que l’or dont l’abondance est signalée dans l’Inde anglaise provient de ces régions. La fièvre californienne est en recrudescence ; elle sévit surtout dans l’Afrique australe. Le Zoulouland renferme des placers dont on dit des merveilles ; depuis trois ans, les centres d’exploitation s’y multiplient avec l’appui des capitaux anglais. On y comptait l’année dernière trente sociétés, munies d’un capital d’environ 18 millions de francs, et, au dire du Times, les envois d’or dans la

  1. La production totale des métaux précieux ne fait pas office de monnaie. Une grande quantité est réservée pour les emplois industriels ; les appréciations à ce sujet sont très divergentes : elles varient pour l’or du quart à la moitié, mais ces conjectures n’ont une signification que relativement aux circonstances commerciales ; l’or pourrait être incessamment frappé en monnaie et les monnaies d’or transformées en bijoux : la valeur d’échange subsiste.