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REVUE MUSICALE

Les Concerts : Symphonies de MM. Victoria Joncières, Benjamin Godard, d’Indy et Saint-Saëns. — Manfred, de Schumann. — La Société de musique de chambre pour instrumens à vent.

Les concerts sont finis ; Paris n’a plus d’affiches ; les trois orchestres du dimanche se taisent ; d’innombrables virtuoses ne jouent plus dans les salles spécialement affectées à cet usage. Il est temps de regarder en arrière et de signaler parmi les œuvres nouvelles, de rappeler parmi les anciennes celles qui méritent le plus une mention ou un souvenir.

L’année a été très symphonique. On a entendu au Châtelet deux symphonies, deux autres à l’Éden, une au Conservatoire, et qui vaut toutes les autres. Aussi finirons-nous par elle,

La symphonie de M. Victorin Joncières ne date pas d’hier. Elle a vingt ans, et ne cache pas son âge. On dirait presque d’elle, comme de certains vins, qu’elle s’est dépouillée. Les idées en sont assez minces, et l’instrumentation manque du relief, de la couleur à laquelle nous habitue de plus en plus l’école moderne. Le premier morceau du moins a de la grâce, de l’abondance, et cet ensemble de qualités moyennes qui fait l’honorabilité d’une œuvre. Depuis vingt ans, l’auteur de Dimitri, du Chevalier Jean, a fait plus, et mieux. Cette symphonie de jeunesse garde surtout un intérêt rétrospectif, et M. Joncières, en la faisant entendre, ou réentendre, a dû subir l’attrait un peu mélancolique du passé.