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LA
SENSATION ET LA PENSÉE
SELON LE SENSUALISME ET LE PLATONISME CONTEMPORAINS

I. Wundt, Psychologie physiologique, traduction française, 1885. Logik, 1884. — II. E. Rabier, Leçons de psychologie, 1884. Leçons de logique, 1886. — III. A. Binet, la Psychologie du raisonnement, Recherches expérimentales par l’hypnotisme, 1886. — IV. Ch. Féré, Sensation et Mouvement. 1887. — V. Ch. Richet, Essai de psychologie générale, 1887.

Les disciples contemporains de Descartes ou de Leibniz, et ceux mêmes de Kant, sont tous au fond platoniciens, car ils s’accordent avec Platon pour opposer absolument le monde de la sensation à celui de la pensée. Ici même, M. Caro, dans un éloquent tableau, tour à tour un peu pessimiste et un peu optimiste, de la dissolution et de la renaissance des croyances philosophiques, appelait avec raison platonisme à ce fonds d’idéalisme né avec l’homme et qui ne disparaîtra qu’avec lui. » Ouvrez les livres des spiritualistes et des « criticistes, » ceux de M. Caro lui-même, de MM. Ravaisson, Janet, Lachelier, comme ceux de M. Renouvier, vous y trouverez reproduite, presque dans les mêmes termes, la critique profonde autrefois dirigée par Platon, dans son Théètète, contre Protagoras et Héraclite. Ces antiques devanciers de la théorie de l’évolution considéraient la sensation comme « la mesure de toutes choses. » — « Rien n’est, disaient-ils, mais tout devient ; les sages, à l’exception de Parménide, s’accordent sur ce point : Protagoras, Héraclite, Empédocle ; Homère même n’a-t-il pas dit : — l’Océan, père des. Dieux, et Téthys, leur mère-— Donnant à entendre que toutes choses sont