des finances et percepteurs des contributions directes, les comptables (les diverses régies financières et de l’administration des postes, ont reçu l’ordre de retirer de leurs caisses au même jour fixé (28 mai), et après la fermeture de leurs bureaux, toutes les pièces d’or de 20 francs et de 10 francs, toutes les pièces d’argent de 5 francs et tous les billets de banque qui s’y trouvaient, de recenser ces diverses valeurs en classant les pièces d’or et d’argent par nationalité et par millésime. Plus de vingt mille comptables ont coopéré à cette enquête. En 1878, les écus d’argent étant compris dans le recensement pour une somme de 6,067,030 francs, la proportion se trouva établie ainsi : pièces nationales, 68 pour 100 ; pièces étrangères 32 pour 100. Dans le recensement de 1885, on a examiné une somme de 52,846,035 francs, dont 35,737,720 francs en billets et 17,108,315 francs en numéraire métallique, savoir : 11,860,430 francs en or et 5,247,885 francs en pièces de 5 francs argent ; dans ce dernier groupe, celui qui nous occupe en ce moment d’une manière spéciale, la proportion des pièces étrangères, un peu moins forte que dans la revue de 1878, s’est trouvée seulement de 29 pour 100. Ce résultat contraire aux probabilités a causé quelque étonnement ; on y a vu l’effet d’un triage opéré par la Banque de France pour mettre à part, en prévision d’un échange, les pièces étrangères et verser de préférence dans la circulation intérieure les pièces nationales. Il m’a paru très important d’éclaircir la situation, et je l’ai essayé autant que pouvait le faire un simple chercheur, qui n’a d’autre moyen d’action que son zèle et sa curiosité scientifique. J’ai entrepris en quelque sorte un supplément d’enquête. Je me suis adressé aux grandes administrations où les mouvemens de fonds sont le plus diversifiés en raison de leurs transactions incessantes avec le public. Je les ai priées de vouloir bien retirer de leurs caisses un certain nombre de pièces de 5 francs et de les examiner une à une en prenant note de leur origine. Cette demande, que l’on aurait pu sans doute juger indiscrète si l’on n’avait compris qu’un intérêt public était en cause, a été accueillie avec un empressement et une courtoisie dont j’ai à cœur de témoigner. Les renseignemens provenant de la caisse municipale, des halles et marchés, de l’octroi de Paris, des guichets de chemin de fer, du mont-de-piété, où des milliers d’emprunteurs reçoivent et reversent chaque jour des petites sommes, du Comptoir d’escompte, du Bon Marché, de plusieurs établissemens privés, relevés de date récente, complétant l’enquête administrative de l’année précédente, fournissent une moyenne qui doit représenter assez exactement l’état des choses. Voici, en définitive, les résultats du classement des pièces de 5 francs examinées :
Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 82.djvu/342
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.